Mise en Scène pour le Comité de Sélection de la Ville-Hôte des Jeux du Canada 2005


Eugène Bourgeau 1813-1877 (Archives de la Saskatchewan) Il était le botaniste de l'expédition Palisser. Sa carrière a débuté par une passion pour les fleurs des Alpes en France, alors qu'il faisait paître les moutons de son père. Eugène Bourgeau envoyait régulièrement des spécimens de plantes à Sir William Hooker, le premier conservateur des Kew Gardens de Londres. Il l'appelait le « le prince des collectionneurs botaniques ». Ce serait d'ailleurs Sir William qui aurait recommendé aux organisateurs de l'expédition Palliser de recruter Eugène Bourgeau pour cette délicate mission exploratoire. Durant l'expédition, Bourgeau aurait amassé 819 spécimens, en plus d'un nombre impressionnant de semences.

En mettant un peu d'ordre dans mes archives, je suis tombé sur ce scénario pour une petite mise-en-scène d'inspiration patrimoniale visant à attirer les Jeux du Canada à Régina, que je partage avec vous bien humblement:

« Je m’appelle Eugène Bourgeau. Je suis le botaniste qui accompagne Henry Youle Hind et John Palliser, le grand explorateur mandaté entre 1857 et 1859 par la Royal Geographical Society et le gouvernement britannique pour cueillir des données scientifiques dans la Terre de Rupert. Le but étant de mieux connaître également les amérindiens de ces contrées et d’évaluer les moyens de transports qui pourraient être utilisés dans un avenir rapproché pour profiter des richesses du pays.

J’espère pour vous que vous n’êtes pas venus en charette, parce que vous savez, les chariots de la rivière rouge, c’est pas toujours fiable. Deux de nos chariots ont les roues brisées. Mes collègues Hind et Palliser ont du retourner à Fort Garry chercher des matériaux de rechange. Parce que du bois, il n’y en a pas beaucoup par ici. Je m’y connais moi en bois et en plantes. Mais pas besoin d’être botaniste pour constater qu’il n’y a pas beaucoup d’arbres autour d’ici.

Bon, il y a bien du saule par-ci, par-là. Mais pour trouver du bois franc comme l’érable et le chêne, il faut aller loin. Ici, c’est la plaine, un des environnements les plus vastes en Amérique du Nord. Les plaines s’étendent du Manitoba… au Nord-Est de la Colombie-Britannique, et elles dominent le territoire jusqu’au sud des États-Unis. C’est une aire gigantesque au relief diversifié. Tantôt on voit des plateaux spectaculaires, et ailleurs on observe des vallées gigantesques, creusées par la fonte des derniers glaciers il y a 10000 ans, et qui atteignent 200 mètres de profondeur par endroit. Régina est située au beau milieu de la plaine, mais à 1800 pieds au-dessus du niveau de la mer tout de même.

Nous sommes au centre du continent nord-américain. Le climat sec garantit un maximum d’ensoleillement en été, avec parfois des aurores boréales renversantes lors des nuits claires et chaudes. Résultat, il pleut moins chez nous que nulle part ailleurs au Canada. Ce qui signifie que les plantes ont du s’adapter aux précipitations sporadiques, en développant des mécanismes qui leur permettent de survivre en période de sécheresse.

Par exemple la plupart des plantes herbacées qui poussent à état naturel près de Régina sont équipées de systèmes racinaux très élaborés, destinés à capter le maximum d’humidité dans le sol. Bref, pour chaque herbe que vous voyez, dites-vous bien qu’il y a deux fois plus de longueur sous terre dans les racines. Mais vous n’êtes pas venu ici pour suivre un cours de botanique.

Les gens qui habitent Regina sont très accueillants vous allez voir. Ils sont toujours prêts à vous porter secours. On dit que ce sont les plus grands bénévoles au pays. Les premières nations m’ont raconté qu’il y a quelques années, des milliers de bisons passaient régulièrement par ici. Il y en avait tellement, que quand les commerçants leur ont dit que des hommes et des femmes avaient froid, ailleurs dans le monde, ils les ont invités à chasser le bison pour habiller leurs sœurs et frères blancs en hiver… Bon, ils ont peut-être été un peu trop généreux. Malheureusement on a complètement décimé les troupeaux de bisons. Mais on me dit que des éleveurs les réintroduisent dans les plaines peu à peu.

Vous savez, Régina est entourés et parsemée d’espaces naturels. On trouve des cerfs de Virginie, des cerfs-mulets tout autour de la ville. Au sud, il y a même des antilopes d’Amérique. Au printemps et à l’automne, le ciel se couvre de milliers d’oiseaux, des oies, canards, grues, oiseaux chanteurs et de rivage qui nous saluent au passage de leur migration vers l’Amérique du sud ou vers leur aire de nidification en arctique dépendamment des saisons.

Régina est sise au cœur d’un beau et vaste pays… C’est un lieu idéal pour recevoir les délégations sportives. D’ailleurs les premières nations lançaient le javelot il y a des milliers d’années pour chasser le bison et le chevreuil… J’inviterais tout de même vos athlètes à faire preuve d’un peu de retenue avec leurs javelots. Nos bisons ne se sont pas encore remis de la dernière chasse.

Je vois que votre escorte est prête. Un dernier conseil : Méfiez-vous des terriers de chiens de prairie. Si votre cheval s’y met la patte, il risquerait de se la casser et vous seriez forcé de marcher.

Gare aux trous… et bonne route les amis! »


J'ai depuis poussé un peu plus loin la recherche initiale ayant mené à ce scénario et Eugène Bourgeau fait dorénavant partie de plusieurs de mes interprétations patrimoniales.

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