La mystérieuse adaptabilité territoriale du cougar

Un cougar à l'affut.

On a beaucoup parlé de l'attaque fatale par un cougar qu'a subit cette femme de 30 ans récemment au Parc national de Banff, près du Lac Minnewanka. Une attaque qui suscite beaucoup d'inquiétude depuis dans la région, puisque ce genre de phénomène est normalement extrêmement rare.

Pour mieux comprendre ce qui s'est passé à Banff, il est utile de connaître les habitudes territoriales de ce prédateur magnifique. Le cougar, le puma ou le lion des montagnes a une stratégie de reproduction et de survie qui est axée sur la protection d'un territoire de chasse qui se modifie de saison en saison.

Le cougar est un animal extrêmement discret. Les observations sont moins fréquentes en Saskatchewan, qu'en Alberta et en Colombie-Britannique et elles suscitent toujours la surprise. Un éleveur de bétail m'a raconté qu'un cougar qui s'était aventuré sur sa propriété aux abords de la rivière Saskatchewan sud l'avait laissé s'approcher de lui à 10 mètres de distance et n'a jamais semblé avoir peur de lui. Il a ensuite poursuivit son chemin. Le même éleveur m'a affirmé avoir perdu un bouvillon de 250 kilos à une autre époque, perte qu'il attribue à un cougar, qu'il a identifié à ses empreinte caractéristiques, puisque que le cougar est équipé de griffe rétractiles.

De tous les facteurs territoriaux qui affectent le cougar, le plus important est sans contredit la disponibilité de proies à chasser: la stabilité de la population-cible, sa distribution et la mobilité relative de cette population. En période difficile, lorsque les populations de cervidés varient, il y a un partage du territoire, ce qui peut mener à des confrontations entre les différents individus. Pour s'adapter, le cougar a donc besoin d'un concept du territoire qui est flexible.

Dans la région du lac Minnewanka, au coeur des Rocheuses canadiennes, les cougars ont besoin d'un immense territoire de chasse qui peut s'étendre au-delà de 200 kilomètres carrés pour les femelles et à près de 300 kilomètres carrés pour les mâles. En hiver, les cougars ont besoin d'un territoire plus petit d'un peu plus de 120 kilomètres carrés pour mâles et de moins pour les femelles. L'emplacement de ces territoires est délimité par la migration des proies…dans le cas de Banff, on parle de Wapitis… plus à l'est, en Saskatchewan, on parle de cerfs de Virginie et de cerfs-mulets.

Cette diminution du territoire en hiver, dans les Rocheuses, s'explique par l'abondance de neige qui oblige les ongulés, les wapitis, à se rabattre dans les vallées pour voir à leur alimentation, et les cougars les suivent. Dans le cas de Banff, ce qui est particulier, c'est que selon les responsables de la faune, les wapitis qui se sont rapprochés de la ville l'auraient fait en partie pour échapper aux attaques de meutes de loups environnantes.

Cette territorialité du cougar joue plusieurs rôles. Notamment, elle contribue à maintenir la densité des adultes sous le niveau que permet de soutenir l'approvisionnement de nourriture. Donc elle régularise la population.

Le défi, au fond, auquel font face les autorités responsables du Parc national de Banff, c'est d'aider à maintenir un équilibre entre les besoins des humains qui utilisent le parc, et les besoins de la population de cougars de la région qui doit être soumise en ce moment à un stress environnemental particulier sur lequel les biologistes s'interrogent.

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