L'orme d'amérique encore menacé

C'est le gel du sol qu'attendent les équipes d'émondage pour entamer les travaux d'hiver de lutte contre la maladie hollandaise de l'orme. On procédera bientôt à l'enlèvement de quelques centaines d'arbres atteints en périphérie de Régina et de la vallée Qu'Appelle.

La maladie hollandaise de l'orme continue sa lente progression colonisatrice sans répit. Mais grâce aux mesures aggressives déployés par le Ministère provincial de l'environnement et les agences de contrôle de l'invasion municipales et provinciales, on arrive maintenant à réduire substanciellement le nombre d'ormes qui sont passés à la tronçonneuse.

Rappelons que la maladie hollandaise de l'orme est probablement née en Asie, puisque que les ormes de souche asiatiques ont développé une certaine résistance au champignon qui en est à l'origine. La maladie est apparut pour la première fois en Hollande durant les dix premières années du 20e siècle, décimant des millions d'ormes en Europe. Elle a été transportée en Amérique du Nord durant les années 30. Elle s'en est prise aux ormes de la vallée du Saint-Laurent durant les années 40. Aujourd'hui la maladie hollandaise de l'orme est répandue dans toute l'ère de distribution naturelle de l'orme d'amérique, jusqu'en Saskatchewan.

Chez nous, on retrouve des ormes dans toutes les villes. C'est l'arbre qui nous abrite, notre grand parasol naturel. Les voûtes qu'il crée le long de nos artères municipales donnent à nos paysages urbains cette chaleur, ce sens de sécurité qui nous abrite de l'immensité spatiale des plaines. Si l'orme disparaissait de notre paysage, nos parcs et nos rues sembleraient bien moins accueuillantes.

Dire que c'est un champignon pathogène minuscule qui est à l'origine de la maladie. Porté par un coléoptère, le scolyte de l'orme, il bloque le système vasculaire de l'orme. En 24 heures, tout un jeune arbre peut être infecté. Un orme centenaire peut mourir en quelques années.

À long terme, la disparituion des ormes est inévitable. Mais on peut ralentir la progression de la maladie. On élimine l'arbre et la souche dès que les symptômes sont confirmés. On établit des zones tampons de plusieurs kilomètres autour de la ville. On coupe, on brûle. On interdit le transport et l'entreposage d'orme comme bois de chauffage. On applique sur la base des arbres un insecticide de contact à faible toxicité: le méthoxychlor. Puis on se croise les doigts.

À Régina, on a une perte annuelle de deux pour cent de nos ormes. Saskatoon n'est pas encore atteinte. Régina a perdu six ormes en vingt ans, une bonne moyenne si l'on considère que la capitale compte 100,000 ormes. Si on n'avait pas le programme de contrôle actuel, on perdrait 90 % de nos ormes en dix ans. Comme moyen de prévention, on plante des espèces de remplacement comme le tilleul d'amérique. Dites-vous bien que l'orme s'adaptera et résistera à la maladie éventuellement… d'ici deux ou trois mille ans.

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