Le ruisseau qui se voudrait rivière


Votre humble serviteur (assure la poupe) et son compagnon de voyage bien arrosés quelques minutes avant que le canoe ne percute une grosse pierre et nous jette dans les eaux glacées du Wascana peu après la fonte des glaces. Cet douche impromptue nous séparera de notre embarcation durant quelques minutes. Heureusement, près ce cet endroit le ruisseau fait un coude qui nous permettra de nous jeter à l'eau et de récupérer notre précieux canoe. Voilà qui nous convaincra de reporter notre tentative à l'année suivante.

C’est au printemps qu’il faut prendre contact avec nos cours d’eaux des prairies. Gonflés à bloc par la fonte des neiges, ils se donnent parfois des allures de torrents, du moins pendant quelques jours. Le “puissant” Wascana ne fait pas exception, même si la faible accumulation de neige cet hiver lui interdira tout excès.

Un des points de vue que j’affectionne particulièrement est situé en aval et à quelques 20 minutes au nord-ouest de Régina. Le site récréatif provincial de Wascana Trails est un petit parc d’environ 2 kilomètres carrés, qui est sillonné de sentiers. Lieu bien connu des amateurs de vélo de montagne, il offre également au randonneur un panorama éloquent. C’est peut-être la vallée d’un ruisseau, mais elle n’est pas moins intriguante pour autant. Agréable alterance de petits canyons et de plaine innondable, le Wascana offre à cet endroit un joli spectacle.

Tout en bas, la glace fond là où l’eau vive s’impose. La dénivellation, les pierres qui jonchent le fond, donnent de l’inertie au volume d’eau. Le ruisseau prend vie, casse les glaces et les emporte. Toute cette bousculate culmine en une symphonie de bruits d’eau dont on ne se lasse. Le Wascana est dans tous ses états au printemps.

En montant sur une butte pour mieux voir l’ensemble, j’apperçoit une douzaine de cerfs de Virginie qui avancent en harde, des femelles pour la pluspart, dont plusieurs mettront bas dans deux ou trois mois. Elles sont plutôt maigres en mars, même si l’hiver n’a pas été trop rigoureux. En attendant les nouvelles pousses saisonnières, elle viennent grignoter l’écorce des jeunes buissons. Le cerf de Virginie est une espèce des plus adaptables. On le retrouve de la zone sub-arctique, jusqu’aux tropiques. Il peut brouter aussi bien les plantes herbacées des plaines, que les lichens, les champignons et les noisettes. Au bout d’un moment les cerfs remarquent ma présence et filent les uns après les autres à la queue-leu-leue.

Suivre le cours du Wascana jusqu’à la rivière Qu’Appelle, par les chemins de campagne, demande une bonne dose de détermination. Comme le dit un proverbe taoiste: “La récompense c’est le parcours”. Au gré des tournant, dans les replis de la vallée on apperçoit bicoques, vieilles et nouvelles, et les granges d’une autre époque. Sans compter ce beau faisan aux couleurs écarlates venu se remplir le gésier de rocailles pour concasser le fruit de ses cueuillettes quotidiennes.

Bien qu’il soit souvent la risée des saskatchewannais mieux nantis en terme de débit fluvial, le ruisseau Wascana connait ses heures de gloire lui aussi. Il suffit de les apprécier à leur juste valeur.

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