Les Huttérites: la sérénité d'un peuple qu'on gagnerait à mieux connaître

Cueillette de morilles à la colonie Baker dans la région de la Montagne au Manitoba. Ces champignons très recherchés font le délices des amateurs.

Visiter une colonie huttérite, ce n'est pas autant un voyage dans le temps que la découverte d'une société qui sait où elle va. J'ai eu l'occasion d'en visiter une nouvelle récemment au Manitoba. Je vous fais part de mes constatations.

La communauté Huttérite est une entité en constante adaptation au gré des circonstances environnementales, politiques et sociales. La société Huttérite n'a rien de statique, tout au contraire. Son histoire est jalonnée d'évolutions dont les forces du monde extérieur sont à l'origine.

En 1528, afin d'échaper à la persécution religieuse, 200 anabaptistes fondent une nouvelle société en Moravie, une région de l'ex-Tchécoslovaquie. À leur tête: Jacob Hutter. Leur doctrine est basée sur les enseignements chrétiens anciens prônant caractère anonyme de l'individualisme chez le bon chrétien, ce qui est reflété par le vêtement traditionnel que portent les huttérites. La propriété privée est partagée par toute la communauté. Les huttérites prèchent la non-violence; ils s'opposent à toute forme de guerre.

En raison de leurs croyances, ils étaient souvent persécutés. C'est ce qui les a ammené en Amérique du Nord, il y a 120 ans. Il y aurait aujourd'hui 30000 huttérites en Amérique, surtout dans l'ouest canadien et américain. Une colonie moyenne au Manitoba a une superficie de 1700 hectares, alors qu'en Saskatchewan et en Alberta, en raison du climat plus sec, elles peuvent atteindre 3200 hectares. Une famille huttérite réussit à vivre avec la moitié de la superficie d'une terre familliale moyenne appartenant à des familles non-huttérites, grâce à leur mode de vie communal.

Une colonie comprend environ 14 familles, avec une population de 90 membres. Lorsque la colonie atteint le seuil de 125 à 130 personnes, on partage les ressources de la colonie et la population pour crééer une nouvelle colonie parrainée par la première.

Les activitées économiques des colonies varient en fonction du degré de progressisme de son chef spirituel et patron. Certaines ont des activités uniquement agricoles, d'autres ont bifurqué vers le monde industriel. C'est le cas de la colonie Baker, aux abords de la rivière Assiniboine et au sud de Portage-la-Prairie au Manitoba. On y fabrique des ventilateurs destinés aux entreprises agricoles, qui sont exportés partout dans le monde sous la marque Better Air. Ils ont une usine avec une surface de 2 acres.

Ce qui demeure l'attrait principal pour celui ou celle qui s'aventure chez les huttérites, c'est les leçons que nous pouvons tirer de leur mode de vie coopératif. Le partage est une valeur qui est estimée au dessus de toutes. L'émerveillement devant les simples miracles de la nature est quelque chose qu'on leur enseigne dès leurs premières classes. Le sentiment que l'on ressent en rencontrant ces gens accueuillants, que ce soit au repas partagé en groupe avec les hommes d'un coté et les femmes de l'autre, que ce soit au travail en chantant dans les champs autant qu'à l'abbatoir, ce sentiment c'est la sérénité. Y gouter, le temps d'un après-midi, c'est comme boire à une fontaine de jouvence.

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