Les mâts de la mémoire de la Colombie-Britannique


Bardés de récits et de légendes, profondément imprégnés de l'existence de ceux qui les ont sculptés et érigés, les totems de Colombie-Britannique se lisent comme des livres ouverts sur l'histoire des peuples amérindiens.

PAR CAROLYNE PARENT

À Vancouver, comme à Duncan ou à Victoria, vous les voyez qui se dressent fièrement, seuls ou en bouquets. Certains sont peints. D'autres pas. Mais tous présentent, sculptés dans le cèdre, des créatures surnaturelles et des animaux fabuleux qui s'enchevêtrent, s'entrelacent et inspirent l'émerveillement. Et pour cause : c'est la mémoire des Amérindiens de la côte nord-ouest du Pacifique qui court le long de ces mâts mystérieux.

Car il était une fois des peuples autochtones dont l'histoire, la culture et les exploits s'écrivaient à même le bois. Et ce, dès la fin du 18e siècle, le commerce avec les navigateurs européens ayant procuré aux Premières Nations les outils nécessaires pour sculpter « l'arbre de vie ».

De ces échanges florissants résultèrent des potlatchs (dons rituels) de plus en plus nombreux et fastueux. Et comme, tradition oblige, ces fêtes grandioses comprenaient obligatoirement l'érection d'un mât, c'est durant cette période que l'art totémique prit son essor, explique Pat Kramer dans Totem Poles (Altitude Publishing).

Des totems-archives...

C'est aussi durant cette période que cet art se codifia. Ainsi, le mât posté à proximité de la longhouse (maison traditionnelle) du chef d'un clan ou sculpté directement à même son fût de soutènement était orné d'emblèmes héraldiques annonçant les origines et le prestige de la maisonnée.

Reconnaissable à sa plate-forme transversale, le totem mortuaire soutenait un coffre contenant les restes d'un personnage important. On raconte que tous les amis du défunt devaient le veiller et que, nuit après nuit, tous se retireraient un à un, de sorte que le dernier d'entre eux puisse communiquer avec l'esprit du disparu.

Le totem commémoratif rappelait pour sa part les épopées reliées à une famille tandis que le totem narratif affirmait le droit de son propriétaire de raconter les histoires ou de chanter les chansons ancestrales associées à sa phratrie (groupe de clans).

Des formes pleines de poésie

Des formes opulentes et stylisées qui ornent les totems, on reconnaît surtout les animaux protecteurs des clans dotés de qualités propres. Tels l'ours, qui symbolise l'esprit de sacrifice ; le renard, le génie de la terre ; la grenouille, la générosité ; le corbeau, l'honneur ; et Siskiutl, le serpent de mer, qui représente la puissance des guerriers.
Mais le personnage le plus important de tous est sans contredit Thunderbird. Car avant d'être un modèle de bagnole, c'était d'abord un aigle mythique qui faisait rouler le tonnerre sous ses ailes, jaillir l'éclair de ses yeux et tomber la pluie d'un lac sur son dos!

Thunderbird est d'ailleurs au coeur de nombreuses légendes amérindiennes. L'une d'elles raconte qu'il tira de la mer une baleine vorace, cause d'une grande famine au sein d'un village de pêcheurs, et qu'il la transforma en une montagne non loin de la ville de Duncan, sur l'île de Vancouver. Pour le remercier, un chef promit de créer un emblème à son image pour coiffer tous les mâts élevés en son honneur. Cette promesse vaut toujours, car Thunderbird est, encore aujourd'hui, l'une des figures les plus populaires...

Un art toujours vivant

Au milieu du 19e siècle, un grand nombre de totems ont été détruits à l'instigation des missionnaires, qui les méprenaient pour des objets de culte païen. Plus tard, quantité de totems ont pris le chemin des musées étrangers. Et l'on ne compte plus ceux qui se sont désagrégés (la durée de vie d'un fût de cèdre étant d'environ 85 ans) avant d'avoir été reproduits. N'empêche : il en subsiste encore plusieurs spécimens magnifiques en Colombie-Britannique, notamment à Vancouver et sur l'île de Vancouver.

Qu'il s'agisse de répliques de mâts centenaires ou d'oeuvres récentes d'artistes fiers de perpétuer cette tradition, ils ne demandent qu'une chose : vous livrer quelques pans des belles histoires des Premières Nations de ce pays. Laissez-les donc vous les raconter lors d'un prochain séjour dans ces parages...

Pour de plus amples renseignements sur cette destination ou sur d'autres destinations canadiennes, visitez le site de la Commission canadienne du tourisme à l'adresse http://www.voyagecanada.ca/.

Source: Commission Canadienne du tourisme

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