Des phares à faire tourner la tête

Les côtes de l'Île-du-Prince-Édouard sont parsemées de phares, témoins muets du passage des bateaux et de tragiques naufrages, mais aussi des fabuleux levers et couchers de soleil sur la mer.

PAR ANNE MARIE PARENT

J'aime ces bâtiments qui défient le vent, la mer et le temps. Postés comme des pions blancs sur l'échiquier vert de l'île, les phares surveillent l'horizon de leur œil de verre.

On ne peut visiter l'Île-du-Prince-Édouard sans tomber sur l'un ou l'autre de ses quelque 50 phares. Certains sont des propriétés privées, alors on se contente de les admirer de loin. D'autres sont de véritables attraits touristiques, et même des lieux d'hébergement. Si Don Quichotte courait après les moulins, moi, je me plais à faire la tournée des phares!

Grimper pour la vue
Le phare qui m'a le plus impressionnée est celui de West Point, qui se dresse, comme son nom l'indique, dans la partie ouest de l'île. Le jour où j'y suis allée, il faisait un temps magnifique, idéal pour prendre en photo ce décor de ciel bleu, d'herbes vertes et de sable rouge. Le plus élevé de ces bâtiments de forme carrée avec ses 22,5 mètres de hauteur, le phare arbore avec élégance ses rayures blanches et noires.

Car, si les phares construits avant 1873 étaient octogonaux, ceux qu'on a érigés après cette époque étaient plutôt carrés. Construit en 1875 et automatisé en 1963, celui de West Point a hérité, en 1984, de nouvelles vocations : celles de musée, de restaurant, de boutique d'artisanat et... d'auberge champêtre. On dit que c'est là le seul lieu d'hébergement touristique au Canada aménagé dans un phare encore en activité.

Quelques semaines avant d'y séjourner, j'avais réservé une nuit à West Point. Malgré cela je ne pourrai pas dormir dans le phare même : les chambres du phare, de style « romantico-victorien » avec bain à remous, sont réservées longtemps d'avance, surtout par des tourtereaux en voyage de noces. Je devrai donc me contenter de l'auberge construite au pied de l'édifice historique.

L'heure du coucher n'étant pas encore venue, je prends le temps de profiter du coin : bronzette sur la plage, visite du musée, puis souper dans le restaurant du phare. Je grimpe d'abord jusqu'en haut, pour admirer la vue de la mer et de sa plage rouge orangé. Ma séance de photos « vues du haut du phare » complètera fort bien celle du « phare vu de la plage », effectuée plus tôt.

Comme la lampe du phare est encore en fonction, on me prévient de ne jamais fixer la lumière, sa puissance pourrait m'aveugler. De toute façon, ce que j'ai envie de fixer, c'est l'horizon : le panorama, par temps clair, est splendide. Puis, je visite les salles, qui relatent l'histoire des phares de façon générale, et pas seulement celle de West Point.

Cap sur le nord
À North Cape, au nord-ouest de l'île, on ne peut visiter le phare mais le lieu est un attrait en soi. La pointe la plus septentrionale est un petit bout du monde. Face à la mer infinie, on se sent vraiment en paix. Balayée par le vent et les embruns, la côte du cap nord a été choisie comme site expérimental pour un parc d'éoliennes.

Après avoir visité le centre d'interprétation, je demande à un guide de m'accompagner sur le « terrain d'essais éoliens de l'Atlantique » - tel est son nom - où sont plantés tous ces moulins à vent modernes. Mais leurs pales ne sont pas toujours bien fixées : à preuve, j'en vois une dans le fond de l'eau, en bas de la falaise. Vous avez dit expérimental?

Après un bel après-midi passé à North Cape à arpenter les sentiers qui sillonnent le cap et à attendre le coucher du soleil sur la mer, un repas savoureux (évidemment composé de fruits de mer) m'attend au restaurant situé au-dessus du centre d'interprétation.

Le lendemain, je profite des petites dimensions de l'île pour me rendre à son autre extrémité, cette fois pour admirer le lever du soleil à East Point, où le phare est ouvert au public. Situé à 20 minutes à l'est de Souris et construit en 1867 - donc de forme octogonale -, ce phare de 19,5 mètres de haut domine les courants marins et les grandes marées qui résultent de la rencontre des eaux de l'estuaire du Saint-Laurent et du détroit de Northumberland.

Direction sud
Plus au sud, le phare de Cape Bear (1881) est adjacent à la station de transmission sans fil Marconi, convertie en musée intéressant à visiter. C'est un employé de cette station, Thomas Barlett, qui fut la première personne à entendre le signal de détresse du Titanic, tandis qu'il coulait au large de Terre-Neuve.

Non loin de là, le phare de Wood Islands (1876), une structure en bois de forme carrée, s'élève à 15,14 mètres de hauteur. On y a aménagé le Musée des pêcheries et de la garde côtière. À l'ouest de ce phare se trouve celui de Point Prim, vénérable ancêtre construit en 1846, et le seul de l'île de forme circulaire. Ses murs, de 45 cm d'épaisseur, sont faits de brique. Il fait partie des phares que l'on peut visiter.

À ce titre, le ministère du Tourisme de l'Île-du-Prince-Édouard a préparé une brochure répertoriant sept phares ouverts au public durant la saison estivale (de la mi-juin à la mi-septembre). Dans le cadre du programme « Phares de l'Île », quiconque en visite au moins cinq et fait tamponner sa brochure est admissible à un tirage dont les prix comprennent notamment une couverture de laine, 10 livres de homard, une figurine d'« Anne aux pignons verts », du saumon fumé et un tableau de l'île.

Mais le véritable grand prix, c'est de pouvoir découvrir avec plaisir et émerveillement l'Île-du-Prince-Édouard, du haut de ses sentinelles de la mer!

Pour de plus amples renseignements sur cette destination ou sur d'autres destinations canadiennes, visitez le site de la Commission canadienne du tourisme à l'adresse www.voyagecanada.ca.

source: Commission Canadienne du tourisme

Cette reproduction n'est pas présentée à titre de version officielle du contenu reproduit, ni dans le cadre d'une affiliation et/ou avec l'appui de la Commission canadienne du tourisme.

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