Ottawa : la foire aux fantômes

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle cache bien son jeu, la capitale fédérale. Car sous ses airs de ville docile et tranquille, Ottawa recèle un côté sombre, celui d'une cité hantée par de nombreuses âmes errantes. Enfin, c'est ce qu'affirment le plus sérieusement du monde Glen Shackleton et ses acolytes de La Marche hantée d'Ottawa...

PAR HUGO PARADIS

Sûr qu'il s'en trouve pour pouffer de rire, en apprenant l'existence de ces circuits. D'autres sont plus cavaliers et les traitent carrément d'hurluberlus, voire de charlatans. Eux, ils s'en foutent, car ils croient dur comme fer en ce qu'ils font et, surtout, en ce qu'ils racontent.

Car tout ce que les guides de La Marche hantée d'Ottawa débitent, que ce soit au fil des venelles, lanterne à la main, ou debout entre les tombes, tout cela a été vérifié deux fois plutôt qu'une, témoignages ou documents à l'appui. « Chacune de nos histoires fait toujours l'objet de recherches approfondies et de vérifications fouillées, assure Glen Shackleton, fondateur de La Marche hantée d'Ottawa. Avant de traiter d'une nouvelle anecdote, nous cherchons toujours à trouver assez de preuves pour étayer sa crédibilité. »

Depuis 1995, cet amateur de récits lugubres et ses acolytes parcourent les rues de Sandy Hill et d'autres quartiers de la capitale fédérale, en compagnie de petits groupes intrigués puis bientôt troublés par tout ce qu'ils entendent. En 2004, pas moins de 30 000 d'entre eux ont ainsi pris part à l'un ou l'autre des nombreux itinéraires orchestrés par ces Ghost Busters sans armes ni lasers.

Certains voulaient en savoir plus sur cette histoire de l'aile ouest du quatrième étage du Musée canadien de la nature, qui serait toujours vide parce que hantée; d'autres avaient eu vent des séances de spiritisme de l'ex-premier ministre McKenzie King; d'autres encore s'interrogeaient sur le bien-fondé des apparitions répétées de Mgr Joseph-Eugène Guigues évêque d'Ottawa et fondateur de l'université d'Ottawa... Mais il y avait plus!

On n'est pas sorti de l'auberge

De toutes les histoires de revenants relatées lors des circuits de La Marche hantée d'Ottawa, celle de l'Auberge de jeunesse, située dans l'ex-prison Carlton, glace particulièrement le sang.
Il n'y a pas si longtemps, on proposait aux gens qui y séjournaient de dormir dans l'ancien couloir de la mort, là où logeaient jadis ceux qui étaient condamnés à mourir. On promettait une nuit gratuite à quiconque parviendrait à y demeurer jusqu'à l'aube.

Or, personne n'a jamais réussi! Un client jurait avoir senti la lourdeur d'un corps sur ses jambes, un autre, avoir perçu tellement de coups de pieds sous son lit qu'il détala comme un lapin. Sans compter tous ces clients qui dévalaient les escaliers en hurlant, catastrophés, avant de quitter l'Auberge...

Pour éviter que quelqu'un ne se blesse, on a préféré abandonner cette pratique qui était, à l'époque, un des musts de l'Auberge. Mais on peut encore visiter, le jour, ce huitième étage où fut incarcéré le présumé assassin de Thomas D'Arcy-McGee, Patrick James Whelan, lequel a toujours clamé son innocence avant de passer de vie à trépas.

« Les histoires entourant Patrick Whelan sont nombreuses, raconte Glen Shackleton. Un jour, deux jeunes garçons, qui se moquaient de lui au-dessus de sa tombe, se sont mis à saigner simultanément du nez. Et bien, à trois reprises, tandis qu'un de nos guides relatait cette même histoire, un membre de l'un de nos groupes a subi le même sort. »

La capitale du crime

Mais comment se fait-il qu'on retrouve autant d'histoires de fantômes dans cette ville proprette et plutôt peinarde? « C'est peut-être qu'il y a beaucoup de bâtiments publics, et que les revenants aiment être vus par un grand nombre de personnes », badine Glen. « Ou peut-être est-ce parce qu'à une certaine époque, Ottawa était la capitale nord-américaine du crime... », avance-t-il plus sérieusement.

De fait, les 40 premières années de son existence, Ottawa était une ville sans foi, ni loi, ni corps policier. La criminalité y était galopante et les meurtres, nombreux. « Quand on a choisi cette ville comme capitale fédérale, c'était la risée : on se demandait comment les députés allaient pouvoir survivre dans un environnement aussi hostile! », de railler Glen.

Au surplus, avant 1809, la législation britannique en vigueur au pays donnait au moins une bonne centaine de raisons pour pendre haut et court quiconque enfreignait la loi. Alors, peut-être les limbes ontariennes sont-elles peuplées d'âmes errantes toujours courroucées d'être passées dans l'autre monde pour des broutilles?

Quoi qu'il en soit, chaque année enrichit La Marche hantée d'Ottawa de son lot de nouvelles histoires d'épouvante. « Les clients eux-mêmes sont d'excellentes sources de renseignements : plusieurs d'entre eux, intrigués par ce qu'ils vivent, participent à l'une des tournées et confient leurs histoires à nos guides, qui les vérifient, les authentifient et... les intègrent à leur carnet de route! », explique Glen, qui a lui-même déjà rencontré un fantôme ou, du moins, vécu une expérience paranormale.

« C'était au Musée de Bytown, dit-il, où je préside le conseil d'administration. Nous étions quatre, nous quittions le musée et il n'y avait plus personne derrière nous. Après avoir été dûment fermée, une porte coulissante s'est mise à vibrer si fortement qu'on aurait dit que quelqu'un frappait de l'autre côté. Or, s'il y avait eu quelqu'un, la caméra de surveillance l'aurait capté. Mais il n'y avait personne, même si on a pu ensuite entendre des pas lourds qui s'éloignaient... » Glen croit qu'il pourrait s'agir du fantôme de Duncan McNab, jadis gardien de ce bâtiment, et joueur de tours réputé...

Brrr... Qu'on soit sceptique ou pas, qu'on croie ou non aux fantômes, et que ces histoires soient ou non fondées, il reste que le simple fait de prendre part à l'un des nombreux circuits de La Marche hantée d'Ottawa est, en soi, une attrayante incursion dans un autre monde, un monde d'épouvante, de mystère, d'inexpliqué...

Pour de plus amples renseignements sur cette destination ou sur d'autres destinations canadiennes, visitez le site de la Commission canadienne du tourisme à l'adresse www.voyagecanada.ca.

source: Commission Canadienne du tourisme

Cette reproduction n'est pas présentée à titre de version officielle du contenu reproduit, ni dans le cadre d'une affiliation et/ou avec l'appui de la Commission canadienne du tourisme.

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