Whitehorse : tout un filon!


Photo: Robin Armour

Des mines d'or aux touristes, la capitale du Yukon est un excellent filon pour qui aime l'aventure.

PAR TOBY SALTZMAN

Il fut un temps - l'époque mouvementée de la ruée vers l'or de 1896, pour être précis - où Whitehorse était qualifiée d'« étape pour laver ses chaussettes ». Un simple arrêt sur la route menant à Skagway ou à Dawson City, destinations porteuses de promesses dorées. Pour les milliers de prospecteurs, entrepreneurs et aventuriers qui ont survécu aux rapides menaçants du canyon Miles, « à l'écume aussi blanche que la crinière d'un cheval sauvage », la ville était synonyme de plaisir, d'enivrantes boissons, de danseuses de music-hall et d'un lieu où il faisait bon partager avec d'autres chercheurs d'or ses rêves tissés de pépites.

Les légendes allaient bon cours dans cette localité qui voyait sa population passer du jour au lendemain de 500 à 25 000 habitants. Histoires de survivance, de témérité et d'horreur. Histoires d'hommes noyés dans le canyon Miles, à quelques kilomètres seulement d'un endroit sûr ; d'hommes découvrant un filon d'or ; de Néo-Yukonnais (les nouveaux habitants du Yukon) qui devinrent vite de véritables Yukonnais en restant plus longtemps que prévu.

Lorsque le White Pass and Yukon Route Railway (WP&YR) fut construit, en 1900, Whitehorse devint la plaque tournante du transport au Yukon, parce que d'une part, elle abritait le terminus ferroviaire et que d'autre part, elle se trouvait à la source des voies navigables du fleuve Yukon.

Avec à leur bord passagers et marchandise, les trains de la WP&YR roulaient toute l'année sur des rails étroits entre le port de Skagway, en Alaska, et Whitehorse, en passant par des gorges profondes et des forêts touffues. L'été venu, les bateaux à aubes glissaient direction nord sur le fleuve Yukon jusqu'aux mines d'or du Klondike. L'hiver, on foulait la Overland Trail à bord de carrioles, entassés sous des peaux de bison, avec des haltes dans des cabines le long de la route, histoire d'emmagasiner un peu de chaleur.

Lorsque prit fin la ruée vers l'or, le nombre de résidents diminua considérablement. En 1929, les provinces de l'Ouest et l'Alaska commençaient à sentir le besoin d'une route qui mettrait fin à leur isolement. Le projet se concrétisa après l'attaque des Japonais sur Pearl Harbour en 1941 et l'engagement des Américains dans la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis avaient besoin d'un axe de ravitaillement terrestre (moins exposée que la voie maritime) pour défendre leur côte ouest. C'est ainsi que Whitehorse, avec ses lignes d'alimentation solidement implantées, servit de base nordique à l'armée américaine pour l'élaboration de différents projets. La ville connut alors une autre ruée : celle des équipes d'ingénieurs de l'armée américaine venues s'y installer pour travailler à la construction de la route de l'Alaska. Les travaux achevés, la population s'évanouit encore une fois comme une peau de chagrin. Mais la nouvelle capitale du Yukon ne connut plus jamais le calme plat.

Aujourd'hui, Whitehorse fait face à un autre type d'affluence : celui des visiteurs amateurs de plein air.

Grâce au livret-guide publié par le Yukon Historical and Museums Association, Whitehorse se laisse facilement découvrir à pied. La ville se déploie de Main Street, la rue principale historique, jusqu'à la vieille gare WP&YR et la rive du fleuve. Le peu qu'il reste de l'architecture de l'époque du Klondike vaut le détour : petites maisons aux charpentes en bois (dont la maison familiale de l'auteur Pierre Berton) dans Wood Street, ainsi que quelques « gratte-ciel » en bois rond dans Lambert Street. En s'arrêtant au musée Old Log Church, les amateurs de cinéma pourront s'entendre conter l'histoire qui inspira à Charlie Chaplin une scène du film The Gold Rush (1925), soit celle de l'« évêque qui mangea ses bottes ». Avec sa structure en bois joliment travaillée, le SS Klondike, le seul bateau à aubes restauré du Yukon en cale sèche sur la rive ouest du fleuve, évoque le savoir-faire des artisans de l'époque.

Bien que Whitehorse soit aujourd'hui la capitale du Yukon, elle a gardé son charme de petite ville. Et son pouvoir de séduction réside principalement dans le fait qu'elle soit sertie dans un fabuleux écrin naturel qui invite aux excursions de toutes sortes.

Pour tous ceux et celles qui en sont à leur première visite, un détour par le Yukon Visitor Centre, au centre-ville, s'impose. On y trouve une mine de renseignements sur ce qui se passe en ville, des attraits touristiques aux manifestations en passant par les coordonnées des voyagistes offrant des excursions d'une journée. Ratisser les musées permet de parfaire ses connaissances historiques. On peut admirer différents objets évoquant l'époque de la ruée vers l'or au MacBride Museum ainsi que diverses expositions notamment sur la Police montée du Nord-Ouest. On peut même visiter la cabane de Sam McGee, immortalisée dans le célèbre poème de Robert William Service.

Le Beringia Interpretive Centre lève le voile sur l'époque lointaine de la Béringie, bande de terre préhistorique, non glaciée, véritable pont reliant la Sibérie à l'Alaska qui s'est liquéfié durant la dernière période glaciaire. On apprend à connaître des espèces depuis longtemps disparues comme le mammouth de Sibérie, le bison priscus, le castor géant et le chat des cavernes ainsi que les premiers humains d'Amérique du Nord, ancêtres des gens des Premières nations qui s'installèrent au Yukon il y a quelque 24 000 ans.

Miles Canyon se trouve à quelque dix kilomètres de Whitehorse. Ses eaux sont plus calmes depuis qu'un barrage a fait disparaître les rapides White Horse. La région invite aujourd'hui aux randonnées tranquilles, au vélo tout-terrain et à la plaisance.

En amont, la ville abandonnée de Canyon City est un fouillis de souches d'arbres rongées par les castors jonchées de boîtes de conserve rouillées. Escale sur la route des prospecteurs du Klondike entre 1897 et 1900, Canyon City ne fut peuplée que pendant ces trois courtes années. Mais, selon l'archéologue yukonnaise Ruth Gotthard, cette mince couche de débris historiques cache des traces plus profondes d'un ancien camp de pêche des Tutchone du Sud, peuple autrefois prospère dans la région. Les signes d'une présence humaine datant de 2 500 ans sont subtils : buttes de terre qui suggèrent la présence des fondations et trous où furent découverts outils de pierre et fragments d'os. Et pour ce qui est des boîtes de conserve, « leurs techniques de scellage permettent de dater très précisément une période ».

« Le Yukon est le seul endroit où je voulais travailler, affirme Mme Gotthard. Au milieu des années 1990, un mineur trouva une peau de cheval préhistorique datant du Pléistocène vieille de 26 000 ans, à laquelle étaient encore attachées une longue crinière et une queue. Une surprise, car nous avions toujours cru qu'il avait une crinière courte. » Les plus récentes découvertes résultant des excavations réalisées à Canyon City sont décrites dans une publication disponible dans le site Internet du gouvernement du Yukon : www.yukonheritage.com. L'été venu, la Yukon Conservation Society propose des randonnées vers le site du Miles Canyon, une excursion facile de deux kilomètres le long de sentiers et de l'ancien lit du tramway qui borde le fleuve Yukon.

L'attrait le plus spectaculaire du Yukon est sans conteste le parc national Kluane, situé à environ deux heures de route à l'ouest de Whitehorse sur la route de l'Alaska. Classé site du patrimoine mondial de l'Unesco, le parc abrite la chaîne de montagnes St. Elias, l'un des plus importants massifs du monde qui compte au nombre de ses pics le plus haut sommet du pays, le mont Logan, qui s'élève à 5 950 mètres. Au cœur de ces montagnes s'étendent les plus grands champs de glace non polaires de la planète, legs de la période glaciaire. Et, ourlant la lisière de glace, se déploient une flore et une faune parmi les plus variées au nord du 60e parallèle. Les visiteurs peuvent apercevoir des mouflons de Dall aux cornes recourbées, des faucons pèlerins et des troupeaux de caribous et d'orignaux.

Les randonneurs qui ont foulé la toundra alpine pour admirer l'imposant glacier Donjek reviennent invariablement de Kluane avec des récits grisants plein la tête.

Kluane, qui signifie « un endroit riche en poissons », déborde en effet de touladis, d'ombles de l'Arctique et de truites arc-en-ciel dans ses lacs. Il est grisant de pêcher à bord d'un bateau, mais on dissuade les sorties en canot à cause des grands vents imprévisibles qui soufflent sur la région.

Réserve naturelle oblige, on ne trouve que peu d'installations ou de routes dans le parc. Ainsi, on demande à tout le monde de s'inscrire au centre d'accueil. Les visiteurs de partout dans le monde se donnent rendez-vous ici, l'été, pour profiter du soleil de minuit et, de l'automne au printemps, pour admirer les aurores boréales qui zèbrent le ciel nocturne.

Une brochette de voyagistes spécialisés en plein air permet à Whitehorse d'offrir des activités toute l'année. Du printemps à l'automne, on choisit les excursions de pêche, de randonnée, de canot, de descente en eaux vives et de camping. D'autres attraits populaires comprennent des croisières sur le fleuve Yukon à bord du MV Schwatka, le spectacle de music-hall Frantic Follies présenté au Westmark Whitehorse Hotel, la réserve faunique du Yukon, l'échelle à poissons de Whitehorse et les Takhini Hot Springs. Pour les amateurs de sports extrêmes, la Yukon Wild, un consortium de voyagistes, propose un peu de tout, de la randonnée héliportée au camping sauvage sous une yourte (tente de feutre ou de peau supportée par une armature de bois), tandis que les aventures d'hiver comprennent le traîneau à chiens, le ski de fond et la motoneige dans la toundra gelée.

Un siècle après la ruée vers l'or, Whitehorse demeure une excellente porte d'entrée pour le Yukon. Mais aujourd'hui, les férus d'aventure s'arrêtent un bon moment avant de repartir.

Pour de plus amples renseignements sur ces destinations ou sur toute destination canadienne, visitez le site de la Commission canadienne du tourisme à l'adresse www.voyagecanada.ca

source: Commission Canadienne du tourisme

Cette reproduction n'est pas présentée à titre de version officielle du contenu reproduit, ni dans le cadre d'une affiliation et/ou avec l'appui de la Commission canadienne du tourisme.

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