La beauté des virements télégraphiques

(article publié initialement dans la revue TOURISME)

Si vous êtes propriétaire d’une petite entreprise touristique, il peut être fort utile de réduire au minimum vos frais de transactions financières. C’est ici que les virements télégraphiques offerts par les banques deviennent attrayants pour les acheteurs et fournisseurs qui font des transactions internationales. Nous avons parlé aux propriétaires de deux entreprises touristiques canadiennes qui envoient et reçoivent régulièrement des virements télégraphiques et, pour savoir comment cela fonctionne, nous avons communiqué avec l’Association des banquiers canadiens. Maura Drew‑Lytle nous décrit l’essentiel de ce mode de paiement :

« Vous devez d’abord vous rendre dans un établissement financier qui offre des services de virement télégraphique, indiquer combien d’argent vous souhaitez envoyer et à qui vous voulez le transmettre (il faut obtenir les coordonnées bancaires du destinataire) et donner toute autre instruction nécessaire. Vous devrez probablement payer comptant, à moins de faire le virement à partir de votre propre banque. L’argent est alors envoyé à la banque du destinataire et déposé dans son compte.

« Si vous faites des recommandations à des voyagistes, la rapidité des virements et la garantie du service font partie des avantages, par opposition à l’envoi d’un chèque, qui devra être compensé (les chèques internationaux peuvent prendre beaucoup de temps). Les virements télégraphiques interbancaires sont également très sûrs. Les voyagistes devraient interroger leur institution financière pour voir si les virements répondent à leurs besoins. »

Prenez le cas de la Midnight Sun Adventure Travel, de Victoria, qui offre à des petits groupes d’étrangers des expéditions d’aventure douce dans l’île de Vancouver, les Rocheuses, en Alaska et au Yukon. Scott Bonner est l’un des copropriétaires de l’entreprise : « Nous collaborons avec une vingtaine de voyagistes. Une fois que nous avons signé un contrat avec un voyagiste, nous lui transmettons nos renseignements de virement et ils envoient l’argent par courriel à notre banque de Victoria. Ils pourraient aussi nous envoyer un chèque ou utiliser VISA; c’est ainsi que nous fonctionnons depuis 10 ans. » L’entreprise envoie ses factures par courriel et les paiements lui sont transmis par voie télégraphique.

Selon Bonner, cette solution présente quelques inconvénients. Par exemple, la compagnie n’est pas avertie quand les paiements sont faits. « Nous pouvons vérifier par Internet si notre argent a été déposé, mais l’ennui, c’est que nous ne pouvons pas toujours déterminer lequel des voyagistes nous a payés. Il faut retracer le montant avec la facture. Supposons que Midnight Sun a vendu trois expéditions dans les Rocheuses à trois voyagistes australiens et que les montants sont identiques; on ne peut pas savoir qui a payé, parce que le prix est le même. L’état de compte ne donne que le montant, et même pas le pays d’origine. Nous vérifions pour voir si nous avons été payés en examinant chacun des comptes. Si les voyagistes nous ont envoyé un courriel au moment de faire le virement, nous pouvons déduire à l’aide des dates d’opération. Si nous ne recevons pas de courriel, il faudra examiner les factures pour nous assurer qu’elles ont été réglées. »

Bonner signale aussi que le virement télégraphique coûte quand même quelque chose. « Le voyagiste du pays d’origine doit payer pour l’envoyer et nous devons payer pour le recevoir. Ça nous coûte environ 10 $ par opération, peu importe le montant. Les voyagistes doivent débourser entre 20 et 30 $ pour l’envoyer. »

Malgré tout, beaucoup de voyagistes pensent que le jeu en vaut la chandelle. Luc Lapointe est président de Canadian Dream, une entreprise de tourisme réceptif‑émetteur du Nouveau‑Brunswick : « La plupart de nos clients sont en France, donc, le télégraphe est la façon la plus facile de se faire payer et probablement la plus commode et la plus économique. Les clients vont directement à la banque. Ils font leur virement télégraphique et, habituellement, l’argent aboutit dans notre compte de banque dans les 48 heures. Les frais de 10 $ que nous payons par opération en valent amplement le coup : moins de tracas et de paperasserie, surtout pour les transactions de 1 000 $ ou plus. »

Chez Canadian Dream, même les clients individuels utilisent le télégraphe. En fait, l’entreprise n’accepte pas du tout de paiements par carte de crédit, une chose que M. Lapointe ne pourrait pas, selon lui, se permettre au Canada. À son avis, c’est une question d’attitude : « Je ne pense pas que les consommateurs canadiens seraient très intéressés à envoyer des virements télégraphiques; ils sont si habitués aux cartes de crédit. Tout ce que je peux dire, c’est que le virement télégraphique est une façon sûre de fonctionner. J’en ai reçu un de la France, l’an dernier; ils m’envoyaient 13 000 $ à ‘Canadian Dream, Banque Royale, Canada’. Mon client est allé à sa banque, a donné l’adresse et le reste, mais au bout du compte, c’est tout ce qui a été écrit. Comme le paiement n’arrivait pas, j’ai téléphoné à la banque, à Toronto. Ils ont dû annuler la première transaction, récupérer l’argent et le renvoyer avec la bonne adresse, mais ç’aurait été un cauchemar si le client avait envoyé un chèque. Sur le plan de la sécurité, ce service est hors pair. »

Matthew Coorsh, de la Banque Scotia, ne s’étonne pas de la popularité des transactions télégraphiques auprès d’entreprises comme Canadian Dream et Midnight Sun Travel. C’est pourquoi son institution (la seule qui était disposée à commenter) offre ce service en tenant particulièrement compte de leurs besoins :

« Les services de paiement de la Banque Scotia permettent aux gens d’affaires d’amorcer et de gérer tous leurs paiements répétitifs et urgents qu’ils destinent à des fournisseurs nationaux et internationaux. Les paiements peuvent être lancés à partir d’un service bancaire axé sur le Web ou par l’intermédiaire d’un transfert de fichier sécurisé vers les systèmes de traitement de la banque. Les gens d’affaires qui doivent envoyer des paiements rapidement ou transmettre peu souvent de grosses sommes dans le monde entier peuvent se prévaloir des services de virement télégraphique en ligne. Nous offrons le traitement en temps réel, la flexibilité d’accès, des privilèges‑utilisateur, des vérifications comptables et le paiement définitif. Et en plus, les clients peuvent se créer des modèles d’envoi télégraphique pour réduire la saisie de données. »

De toute évidence, cette banque a bien réfléchi à la chose; il vaudrait peut‑être la peine que vous demandiez à votre institution bancaire quel genre de service télégraphique elle offre. À tout le moins, si tous les voyagistes canadiens demandaient à leurs banquiers des renseignements sur leurs services de virement télégraphique, cela pourrait leur rappeler dans quelle mesure le tourisme aide à faire entrer des devises étrangères au pays!

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