Les villes capitales canadiennes, véhicules du tourisme

Photo: OCC
Les participants à l'AGA de l'Organisation des capitales canadiennes à St-Jean, Terre-Neuve et Labrador

(article publié initialement dans la revue TOURISME)

Presque depuis leur création, les capitales canadiennes tentent de servir de vitrine aux caractéristiques touristiques de leur province ou de leur territoire. À l’assemblée annuelle de l’Organisation des capitales canadiennes (OCC), en septembre, les 14 capitales du Canada ont examiné comment elles aident à enrichir une imagerie touristique beaucoup plus vaste que la leur.

TOURISME a demandé aux représentants de trois capitales, Québec, Yellowknife et Victoria, de nous expliquer comment elles stimulent le développement de notre industrie.

Denis Angers travaille à la Commission de la capitale nationale de Québec. « Évidemment, dans les capitales, on déploie des efforts particuliers pour embellir l’environnement urbain et conférer aux villes les marques symboliques propres aux capitales. À ce niveau, dit‑il, le statut de capitale est un atout pour la ville. Les gens visitent les capitales non seulement parce qu’elles ont la réputation d’être belles et accueillantes, mais aussi à cause des possibilités d’apprentissage qu’elles offrent. Ce sont des lieux de débat et de dialogue. Non seulement hébergent‑elles le siège d’un gouvernement et de grandes institutions, mais on y trouve également un grand nombre de monuments et de ‘pierres de touche’ de la société. En 12 ans de travail, à l’OCC, nous avons tenté d’être à la fois miroir et fenêtre : un miroir pour que les gens puissent se reconnaître dans leur capitale, et une fenêtre afin que les visiteurs puissent y entrevoir ce que nos sociétés ont de mieux à offrir. »

Pour M. Angers, de nouvelles possibilités s’offrent à des villes comme Québec, dans l’univers touristique de l’après‑11 septembre 2001. « Il faut trouver de nouveaux déclencheurs de voyages, avance‑t-il. Peut‑être devrions‑nous songer à mieux servir d’abord nos propres citoyens et à laisser de côté certaines des rivalités qui existent depuis longtemps entre certaines régions de l’Est et de l’Ouest du Canada. Il y a beaucoup plus de choses qui nous unissent, dans nos assemblées législatives et les valeurs qu’elles soutiennent, dans le patrimoine architectural qui est préservé dans nos édifices gouvernementaux et dans la façon dont les capitales sont attachées aux racines des sociétés qui les ont enfantées. Je rejette l’idée selon laquelle tout le monde déteste la politique et les régimes politiques; dans l’esprit de bien des visiteurs, la possibilité d’être exposé aux régimes et aux institutions politiques contribue à l’attrait touristique des capitales. »

Ray Parks est pdg de la Commission de la capitale provinciale de la Colombie‑Britannique, à Victoria. Il fait écho aux observations de son collègue : « Il existe des liens extraordinaires entre le tourisme et la notion de capitale, et il nous incombe de transmettre cette notion aux gens de la province. Pour nous, Victoria est un endroit où de grandes institutions emblématiques, comme le siège de la démocratie, le Crystal Garden et le musée provincial [qui représente certaines parties du reste de la province], sont réunies. Essentiellement, nous cherchons à faire valoir la fonctionnalité de la citoyenneté—c’est‑à-dire la responsabilité et la fierté du citoyen. C’est cet esprit qui émane de la capitale provinciale. C’est ce même esprit qui émanait d’ici il y a 100 ans pendant la Ruée vers l’or, quand des gens partaient [de bien des endroits] pour accomplir de grandes choses partout dans la province. Cet esprit engendre la notion d’accomplissement et débouche sur la notion très impalpable, mais aussi très réelle, de fierté provinciale. Ces éléments deviennent les meilleurs symboles de cette province ou de n’importe quelle province, capitale ou territoire, car ils en constituent l’essentiel. »

Lorsque Peter Neugebauer jette un regard sur sa capitale territoriale, le sens commun est tout autant au rendez‑vous. Il est directeur du développement économique de Yellowknife, capitale des Territoires du Nord‑Ouest : « Sur une carte géographique, vous constaterez que les chemins s’arrêtent à Yellowknife. La ville a tout le poids d’un centre de services pour une population d’environ 20 000 âmes, et elle abrite presque la moitié de la population des territoires. Son aéroport est très achalandé, les réactés arrivant quotidiennement d’Edmonton, de Calgary ou de l’Est de l’Arctique. Yellowknife est un point d’accès à des activités d’aventure en plein air, à la toundra, à la pêche sportive, à la chasse au caribou, aux mines de diamant et bientôt aux activités pétrolières et gazières de la vallée du Mackenzie. Comme 75 % des gens des territoires viennent à Yellowknife, l’occasion n’est‑elle pas excellente de les inciter à poursuivre leur voyage!

« Initialement, le monde porte son attention sur cette capitale. Je dis souvent que le statut de capitale est une malédiction; c’est une arme à double tranchant, car tout le monde adore détester la capitale! ‘Yellowknife obtient tout’, dit‑on partout. Yellowknife est très bien placée pour utiliser le concept de la structure en étoile pour administrer son programme touristique et faire valoir aux visiteurs qu’elle fait partie du Nord et qu’il y a beaucoup plus à voir dans les autres secteurs des Territoires du Nord‑Ouest. Si vous êtes ici pour le plaisir ou les affaires, pourquoi ne pas prendre le temps de visiter d’autres collectivités? Difficile de trouver des clients plus réceptifs que ceux‑là; ils ont déjà décidé de venir à Yellowknife pour une raison ou pour une autre. Et vous les avez là, à votre portée! »

Évidemment, dans le monde de M. Neugebauer, les petites collectivités ont encore moins de ressources financières pour le marketing touristique que beaucoup d’autres localités canadiennes, de sorte que sa manière de tirer son épingle du jeu semble tout à fait raisonnable. Dans une perspective plus globale, il vaudrait peut‑être la peine de se demander si nous n’avons pas négligé certains des avantages qu’offrent les capitales. Les possibilités de marketing touristique y sont peut‑être plus nombreuses qu’on le pense.

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