Jour 8: Les Battleford/Lieu Historique National de Fort Battleford/Galerie Allen Sapp, North Battleford


On pousse aujourd’hui la thématique de la sédentarisation des Premières nations et de l’arrivée des colons dans l’ouest en nous rendant dans la région des Battlefords pour explorer les particularités de la région de l’ancienne capitale territoriale.

Quand la colonie de Battleford, située dans la région actuelle du centre Ouest de la Saskatchewan, devient la capitale des Territoires du Nord-Ouest en 1876, la Police à cheval du Nord-Ouest y établit un poste en prévision de problèmes avec les autochtones. Jouxtant les édifices gouvernementaux du territoire et la ville en pleine expansion, le fort comprend près de 10 bâtiments, dont les résidences des officiers, une caserne, un entrepôt, un atelier et des écuries. En 1880, une palissade entoure les bâtiments, formant une superficie de 145 m sur 155 m. Pendant la Rébellion du Nord-Ouest au printemps de 1885, le fort Battleford sert d'abri aux colons de race blanche et de base d'opérations aux troupes, pendant que les insurgés Métis et Amérindiens saccagent le lotissement urbain et les fermes environnantes. Le poste sert de quartier-général divisionnaire et de caserne jusqu'en 1924.

En 1951, Battleford devient un Lieu historique national, la plupart des bâtiments étant restaurés ou reconstruits pour le plaisir des visiteurs.

• Lieu historique national de Fort Battleford

« Fort Battleford illustre le rôle de la Police à cheval du Nord-Ouest dans l'Ouest canadien. On y trouve maintenant cinq bâtiments d'origine, dont quatre renferment du mobilier d'époque. Les estacades et les bastions ont été reconstruits et la caserne renferme une exposition d'interprétation. »

La ville de Battleford est située au confluent de la Rivière Saskatchewan Nord et de la rivière Battle, à 138 km au nord-ouest de Saskatoon. Battleford compte parmi les plus importants des premiers établissements de l'Ouest canadien. Bien qu'il ne soit qu'un petit poste de traite de la fourrure et un camp de travail pour les arpenteurs, ce lieu devient en 1876 la capitale des vastes Territoires du Nord-Ouest. On y construit alors un grand complexe gouvernemental comprenant le Palais du gouvernement et un poste de la Police montée du Nord-Ouest, et on y élabore le tracé d'une future ville. Les activités commerciales et gouvernementales prennent vite de l'ampleur. En 1883, le siège de la capitale est cependant déplacé à Regina et la ligne de chemin de fer du CP passe par le Sud de la Saskatchewan plutôt que par Battleford, comme il était prévu. Durant la Rébellion du Nord-Ouest (1885), les troubles chez les Métis et les autochtones nuisent davantage aux perspectives de développement de la région.

En 1905, la ligne de chemin de fer atteint la région, mais le Canadian Northern Railway choisit de contourner Battleford, ce qui entraîne plus tard l'établissement du village voisin de North Battleford qui est devenu aujourd’hui le véritable centre économique de la région. Battleford prospère comme centre gouvernemental pour l'enregistrement des titres fonciers, district judiciaire et bureau des affaires indiennes, mais ne réalise jamais ses objectifs de départ.

Les deux villes jumelées constituent des exemples frappant de l’importance déterminante du chemin de fer dans l’Ouest canadien.

-déjeuné dans une vieille gare convertie en restaurant à battleford.

• Visite de la Galerie Allen Sapp

L’artiste amérindien (Cris) Allen Sapp est né durant l’hiver 1928 à la réserve Red Pheasant, non loin de North Battleford. Enfant, il était souvent malade et vulnérable aux persécutions des autres enfants de son âge. Sa mère qui n’était pas très en santé elle non plus succombe éventuellement à la tuberculose. C’est sa grand-mère, Maggie Soonias qui a éventuellement élevé et s’est occupé d’Allen. Le riche souvenir de cette tendre relation avec sa grand-mère nourrit certains des tableaux les plus sensibles de l’artiste, imprégnés du genre d’affection et d’amour qu’on voit rarement exprimé avec autant d’émotion.

Allen n’a jamais apprit à lire ou a écrire. À l’âge de 8 ans, affecté par la maladie à nouveau, la Nootokao (sage femme) rêve qu’Allen ne survivrait pas. C’est ainsi qu’elle lui confère son nom Cris en lui touchant le front durant son sommeil. Elle le nomme Kiskayetum (celui qui perçoit).

Tout au long de sa croissance, Allen approfondit également ce talent pour la perception; il trouve une grande satisfaction dans sa production d’esquisses et de tableaux. À l’âge de 14 ans il est atteint d’une méningite de la moelle épinière dont il failli ne pas se remettre. Une convalescence longue et épuisante suit. La Nootokao prédit qu’il s’en remettra et qu’il vivra suffisamment longtemps pour rendre Naheyow (les gens) fiers de lui; elle prédit que son talent deviendra un cadeau pour Naheyow et le peuple des blancs. C’est comme si la destinée avait trop investie dans cette être frêle, doté d’une si grande volonté de vivre... Un jour il communiquerait éloquemment ce qu’il était tout à fait impossible d’exprimer par les mots. Un message qui est en fait le récit visuel d’un people déterminé à survivre devant l’adversité et face à la grande dépression des années 30; face aussi aux défis d’intégration sociale auxquels les amérindiens des Plaines allaient être confrontés.

La richesse de l’œuvre de Allen Sapp est à mon avis son caractère presque ethnographique. En 1985, il est admit à la « Royal Canadian Academy of Arts ». Puis il devient l’un des 8 premiers récipendaires de l’Ordre du mérite de la Saskatchewan. En 1987, il est reçu membre de l’Ordre du Canada par la gouverneure-générale Jeanne Sauvé.

Aujourd’hui, Allen vient humblement faire un tour à la galerie avec son épouse de temps à autre. Il apporte son courrier à la galerie qui porte son nom pour qu’on le lui lise au milieu des tableaux qui ont fait de lui un des artistes amérindiens les plus célébrés au Canada.

Après une courte visite des territoires environnants nous retournerons à Saskatoon avant la nuit.

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