Améliorer l’expérience grâce à « l’aménagement de lieux »

L'aménagement des lieux fait toute la différence à Mont-Tremblant, Québec
Photo: Intrawest

(article publié initialement dans TOURISME)

Si la règle d’or de l’aménagement des centres de villégiature est la nécessité de créer des endroits où les invités peuvent circuler facilement à pied, peu de promoteurs ont été aussi transparents qu’Intrawest au sujet des principes directeurs qu’ils appliquent pour atteindre cet objectif. La société de Vancouver a des propriétés en Amérique du Nord et dans le monde, mais elle est mieux connue au Canada pour ses activités à Whistler Blackcomb (C.-B.) et à Mont-Tremblant (Québec) – deux endroits ayant un passé très différent mais où les mêmes principes s’appliquent, selon le vice-président directeur, David Greenfield.

« En 1986, Intrawest a eu la chance d’acheter Blackcomb, l’un des deux sommets à Whistler. À l’époque, Intrawest était un promoteur immobilier qui concentrait son activité à Vancouver, dans l’Ouest du Canada et dans le Nord‑Ouest des États‑Unis », ajoute M. Greenfield. « Nous y avons vu l’occasion de combiner les compétences en gestion opérationnelle acquises à Blackcomb à l’expérience immobilière d’Intrawest. Le mariage des deux ne se voyait pas beaucoup à l’époque dans le monde des centres de villégiature d’hiver. »

Intrawest s’est lancé dans une opération de planification à Blackcomb. « La meilleure façon de procéder, selon nous, était de réunir certains des grands penseurs du milieu de la planification de centres de villégiature, et c’est ce que nous avons fait. »

Entre‑temps, une autre occasion s’est présentée à l’autre bout du pays; pour celle‑là, nous avons eu besoin des connaissances d’Eldon Beck. Il avait participé à la planification maîtresse du village de Whistler et de Vail (Colorado). « Nous avons constaté que lui seul possédait le flair et les compétences dont nous avions besoin pour créer un « authentique » village de villégiature », souligne M. Greenfield. « Avec son aide, nous avons commencé à comprendre ce qu’il fallait. Eldon Beck comprend les raisons profondes pour lesquelles les villages en montagne fonctionnent bien – et les principaux fondements matériels, spirituels et sociaux de ces centres. »

Ces fondements n’ont pas été mis à plus rude épreuve qu’à Mont Tremblant : « C’était la première fois que nous bâtissions un village à partir de zéro, en 1991. Tremblant agonisait et il serait probablement mort si personne ne l’avait relevé lorsque nous l’avons fait. Nous y avons trouvé une culture d’une grande richesse et une rare authenticité. Rien à fabriquer, tout était là – dans l’histoire locale, dans l’histoire de la province, dans le lieu comme tel. Les nombreux éléments dans lesquels nous pouvions puiser ont fait qu’il n’a pas été difficile de créer un village. »

Créé en 1938, Tremblant était l’un des premiers villages de villégiature en Amérique du Nord, explique M. Greenfield : « À l’époque, le seul autre véritable village de ski en Amérique du Nord était Sun Valley (Idaho). Tremblant était le deuxième et, en fait, il a acheté un monte‑pentes à Sun Valley pour créer sa première remontée mécanique. L’architecture était alors assez unique, car le propriétaire/promoteur original – un certain Joe Ryan – avait créé ses propres traditions en fonction de ce qui, selon lui, devait se passer dans un centre de villégiature situé dans ce milieu particulier. »

Mont Tremblant faisait partie de l’âme du Québec depuis des générations et c’est pourquoi quand Intrawest a pris le contrôle, il a vite constaté qu’il devait miser sur ce patrimoine. « Nous avons commencé à parler avec les gens et les souvenirs inoubliables d’une enfance et d’une adolescence passées dans cette merveilleuse destination internationale des années 50 et 60 ont commencé à surgir. Nous avons regroupé toutes ces histoires, les styles locaux et les éléments culturels et commencé à comprendre non pas l’apparence que devait avoir Tremblant, mais l’atmosphère qu’il devrait dégager. »

Fort des connaissances des personnes qui vivaient dans la région depuis longtemps (instructeurs de ski de longue date et employés du centre de villégiature depuis 30 ans), M. Greenfield a pu voir comment faire revivre le rêve qui était si vibrant dans les années 30 et 40.

Lui et son équipe sont allés dans des villages de villégiature en montagne d’Europe pour voir leur configuration matérielle. « Nous avons aussi visité des endroits au Québec pour voir les styles architecturaux que nous estimions importants, et nous avons élaboré un plan pour le village en nous inspirant de certaines architectures originales. Nous ne pouvions pas nous contenter d’y implanter le même type d’architecture de l’Ouest canadien que nous avions implantée à Whistler et à Blackcomb. »

Le résultat devait dégager une certaine authenticité : « Nous voulions un hôtel qui ferait penser à un vieux château que les gens pourraient avoir vu à Québec ou ailleurs », souligne M. Greenfield. « Nous voulions une petite aire commerciale avec de vieux bâtiments qui montrerait clairement ce à quoi Tremblant ressemblait dans les années 30. Tout ce que vous y voyez respire « Québec ». Nous estimions aussi qu’il était important de conserver certains bâtiments pour témoigner du Tremblant d’hier et de demain. »

Il donne l’exemple d’une église construite vers la fin des années 30 qui est véritablement une icône pour le centre. « Nous avons dû déplacer des petits bâtiments afin de créer un village historique piéton : nous les avons jumelés à des aires de restauration afin de leur donner une vocation récréative parce qu’ils représentaient un patrimoine que nous estimions devoir préserver. »

Selon Intrawest, « l’aménagement de lieux » est une philosophie que l’organisation essaie d’appliquer. « Nous sommes humains, ce qui veut dire qu’il nous arrive parfois de miser dans le mille et parfois de passer totalement à côté. Les gens vont en Europe et disent : « vous savez, ces villages sont fantastiques ». Il est facile d’oublier qu’ils ont été aménagés sur des centaines d’années; nous essayons d’aménager des lieux en quatre ou cinq ans! »

M. Greenfield est d’avis que nous devons donner aux villages d’aujourd’hui le temps de croître et d’évoluer organiquement. « On a parfois tendance à juger des résultats trop vite. » En résumant certains des principes qui font de grands villages de villégiature, M. Greenfield fait les recommandations suivantes :

« Le village doit être fidèle à son histoire et à sa culture. Il doit se fondre dans le paysage naturel pour ne pas avoir l’air d’y avoir été installé de force. Il doit témoigner d’un superbe sens de la mesure par rapport aux environs tout en affichant les dimensions auxquelles les gens s’attendraient d’une architecture d’époque. Le milieu doit être varié, intriguant et excitant. Eldon Beck parle toujours du voyage de découverte du village – les gens ne doivent pas pouvoir tout déchiffrer d’un coup d’œil. Ils doivent être attirés par des endroits et découvrir le village en le parcourant à pied – ils doivent toujours avoir l’impression de trouver quelque chose de nouveau. »

Un certain nombre d’éléments y contribuent. Dans un endroit comme le Four Seasons Whistler, M. Greenfield mentionne l’utilisation de matériaux de construction naturels dans une architecture qui donne presque l’impression d’être contemporaine. « C’est presque un dérivé de la côte Ouest. Le milieu naturel est très présent, mais nous l’utilisons de façon contemporaine. À Whistler, où nous n’avons pas eu à nous inspirer d’un passé de 200 ou 300 ans, l’atmosphère s’apparente davantage à celle d’un pavillon de parc national. »

« Sur la place centrale de Mont Tremblant, on comptait habituellement une centaine de chaises adirondack que les gens pouvaient déplacer pour faire face au soleil. Les nouveaux propriétaires ont gardé cette simple tradition en raison de la façon dont les gens se servaient des chaises pour se mettre à l’aise, exprimant ainsi un petit côté de leur propre personnalité. Les chaises adirondack créent de l’animation, et le milieu même se prête aux interprétations personnelles.

On a dit de l’aménagement de lieux qu’il constitue « l’art de se retrouver soi‑même dans un endroit où l’on vit ». C’est cela que les grands centres de villégiature rendent possible.

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