Une maquette du chemin de fer de Lunenburg dans un musée


(article publié initialement dans TOURISME)

Toutes les petites collectivités du Canada ont un musée témoignant de leur passé, et tout le monde peut, de nos jours, posséder un chemin de fer miniature. Donc, pour qu’elle figure dans un musée, la maquette de chemin de fer doit être assez particulière. Duane Porter est conservateur et propriétaire du musée du chemin de fer Halifax & Southwestern, où il reconstitue la ligne construite au début du vingtième siècle par les barons canadiens du chemin de fer, William Mackenzie et Donald Mann. Cette ligne devait être la dernière étape de leur projet visant l’établissement d’un troisième chemin de fer transcontinental national.

Le musée est situé dans la ville historique de Lunenburg, en Nouvelle‑Écosse, désignée site du patrimoine mondial par les Nations Unies. M. Porter mesure donc l’importance du plus infime détail. « Les gens de la collectivité connaissent par cœur l’ancien chemin de fer, même s’il est disparu depuis longtemps, et ils reconnaîtront toute erreur d’exécution. De plus, des gens du monde entier viennent voir la ville du Bluenose », dit‑il au sujet de la célèbre goélette figurant sur les pièces canadiennes de dix sous. « Nous ne pouvons donc nous permettre d’être une attraction secondaire. »

Le musée a déménagé de Bridgewater à Lunenburg en 2003, lorsque le centre commercial où se trouvait le musée a annoncé qu’il agrandissait son espace commercial. En raison du déménagement, le musée a dû fermer ses portes pendant presque un an, pour rouvrir en avril 2004.

« Nous avons perdu un peu de notre validité historique, puisque Bridgewater avait toujours été le point de division du chemin de fer », souligne M. Porter, « et le nombre de visiteurs a diminué puisque bon nombre d’entre eux venaient du centre commercial. » M. Porter et son groupe de modélistes et de guides touristiques bénévoles ont relevé le défi : Lunenburg est devenu un emplacement parfait en raison de son statut historique unique.

Le nouvel emplacement, un entrepôt de 3 500 pieds carrés, abrite le chemin de fer de 750 pieds linéaires (échelles 1:87 et 1:64), situé au‑dessus de meubles qui contiennent des centaines de pièces d’exposition du chemin de fer Halifax and Southwestern et des deux chemins de fer qu’il rejoignait, le légendaire Dominion Atlantic et l’Intercolonial (plus tard le Canadien National). Il reste encore beaucoup d’espace et M. Porter prévoit aménager des expositions interactives pour les jeunes, une salle de réunions et une cuisine, et peut‑être un jour des expositions extérieures.

Comme la plupart des sites du patrimoine, y compris les musées publics, le musée Halifax and Southwestern est parfois confronté à un manque de fonds. Le succès du musée est étroitement lié au tourisme et peut dépendre du prix de l’essence, d’une guerre au Moyen‑Orient ou d’autres facteurs économiques qui forcent les gens à rester à la maison pendant les vacances. « Le défi consiste à offrir des nouveautés chaque année pour faire revenir d’anciens visiteurs », indique M. Porter. « Ces derniers sont heureux de constater les progrès de la construction de la maquette. »

Les villes de Lunenburg, Bridgewater, Liverpool et Mahone Bay ont été recréées dans les moindres détails. Cela n’est qu’une des attractions du musée, dont l’objectif est de donner vie à l’histoire du chemin de fer et aux espoirs de deux hommes habitués au succès, deux hommes qui ont été foudroyés lorsque leur projet de chemin de fer continental s’est effondré pour être ensuite intégré au Canadien National par le gouvernement fédéral, au cours des années 20.

« Nous voulons démontrer toute l’importance historique de ce chemin de fer d’une longueur d’à peine 581 kilomètres », souligne M. Porter. « Par exemple, la ligne a été creusée dans le granit à la dynamite, à la pioche et à la pelle; les débris étaient ensuite transportés dans des chariots tirés par des mules. »

La ligne était étroitement liée à la pêche, un élément important du patrimoine local. « Le transport du poisson était essentiel pour les pêcheurs de Lunenburg », poursuit M. Porter. « Les compartiments réfrigérés offerts par le chemin de fer H&SW ont rapidement ouvert de nouveaux marchés. »

Jay Underwood, auteur et ancien rédacteur en chef et éditeur de journal, habite à Elmsdale, en Nouvelle‑Écosse. Il est président de la Nova Scotia Railway Heritage Society.

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