Des voyageurs en mal de tourisme vert

(article publié initialement dans TOURISME)

D’après le numéro de mai 2007 du Bulletin de renseignements sur le tourisme du Conference Board du Canada, le consommateur se préoccupe de plus en plus de l’impact des voyages sur le changement climatique. À quelques exceptions près, toutefois, les voyages au Canada à partir de ses traditionnels marchés d’outre-mer promettent de meilleurs résultats alors que celui des États-Unis demeure problématique.

Aperçu

Les récents indicateurs ont contribué à amoindrir les inquiétudes relatives à la santé de l’économie américaine en général. On s’attend toutefois à ce que celle‑ci enregistre, à court terme, une croissance inférieure à son potentiel (d’environ 3 %). Heureusement, les perspectives économiques mondiales demeurent optimistes, en raison de l’amélioration des conditions en Europe occidentale, tandis que les perspectives économiques de la Chine, de l’Inde et d’autres marchés émergents restent stables.

La nouvelle règlementation rendant le passeport obligatoire pour les voyages aériens à destination et en provenance des États‑Unis commence à nettement influencer les voyages des Américains au Canada : les visites d’une nuit ou plus en provenance des États‑Unis ont chuté à pic en février dans tous les segments. La confusion au sujet des dates de mise en œuvre, différentes selon qu’il s’agit de voyages aériens ou de voyages par voie terrestre, a probablement contribué à cette baisse.

Une nouvelle problématique

La question de l’impact des voyages sur le changement climatique est de plus en plus préoccupante pour les voyageurs vers le Canada et partout au monde. L’Institut canadien de recherche sur le tourisme a récemment demandé aux Canadiens combien ces derniers seraient prêts à dépenser pour neutraliser les répercussions du transport aérien sur l’environnement. Près de 7 Canadiens sur 10 ont répondu être disposés à payer 10 $ ou plus par tranche de 1 000 $ dépensés en frais d’avion, à condition que les fonds ainsi récupérés servent à développer des ressources énergétiques.

Le désir des voyageurs sensibilisés à l’environnement de faire quelque chose pour compenser les effets du dioxyde de carbone émis au cours de leur voyage – en particulier par avion – a contribué à la popularité des « contreparties de la fixation du carbone » et des voyages « neutres en carbone ». Des dizaines d’entreprises nord‑américaines et européennes vendent désormais des crédits d’émission de gaz carbonique aux voyageurs et utilisent l’argent récolté pour financer des projets de développement énergétique durable.

Consommateurs

Selon la dernière Enquête sur les intentions de voyages de l’Institut canadien de recherche sur le tourisme (mars 2007), le voyage estival continue d’afficher de bonnes perspectives. Parmi les personnes interrogées, 65 % ont mentionné prévoir un voyage d’agrément entre mai et septembre 2007, soit une hausse de 59,5 % par rapport aux résultats de l’enquête d’avril 2006. Les projets de voyages, toutes destinations confondues, tendent à être plus importants qu’il y a un an.

Pendant ce temps, selon le dernier sondage du Conference Board des États‑Unis sur la confiance des consommateurs, les intentions de voyage des Américains n’ont pas progressé depuis la baisse enregistrée lors du précédent sondage bimestriel. En avril 2007, des résultats préliminaires ont montré que 40,4 % des consommateurs américains interrogés prévoyaient prendre des vacances au cours des six prochains mois, des résultats similaires à ceux du sondage de février mais nettement inférieurs par rapport à décembre 2006. De plus, la confiance des consommateurs face aux conditions actuelles et aux perspectives économiques est en baisse.

En février, selon Statistique Canada, les voyages d’une nuit ou plus au Canada effectués par les Américains en voiture ont atteint leur niveau le plus bas de ces 22 dernières années. Par ailleurs, les voyages d’un jour effectués en voiture ont atteint leur niveau le plus bas jamais connu depuis 1972.

Plusieurs études récentes ont souligné l’influence croissante des préoccupations d’ordre environnemental sur les voyageurs américains. Ainsi, selon une étude réalisée par Orbitz.com, 67 % des voyageurs américains se soucient des avantages écologiques des destinations de voyage. De plus, 52 % des personnes interrogées ont indiqué être disposées à payer un supplément au moment de réserver leur voyage afin de contribuer à la sauvegarde de l’environnement.

Fournisseurs

La demande de voyages au Canada continue d’enregistrer une croissance vigoureuse. En fait, selon le rapport Canadian Industrial Outlook: Canada’s Air Transportation Industry du Conference Board, l’augmentation de la demande intérieure et la baisse des prix du carburant devraient relancer, cette année, les bénéfices de l’industrie canadienne du transport aérien dans son ensemble. En outre, les compagnies aériennes profiteront également des récents développements qui ont suivi la conclusion de l’accord « Ciel ouvert » entre le Canada et les États‑Unis.

L’augmentation constante de la demande de voyages au Canada, combinée à la hausse soutenue des tarifs journaliers moyens, contribue à l’accroissement des recettes provenant de l’hébergement au Canada. La demande continue d’être supérieure au nombre croissant de chambres d’hôtel disponibles, mais l’écart entre l’offre et la demande diminue, ce qui a une incidence négative sur l’augmentation des taux d’occupation moyens au Canada.

Aperçu international

Au Royaume‑Uni et en Allemagne, même si le réchauffement de la planète préoccupe fortement la population, moins de la moitié des résidents soutient la mise en place d’une écotaxe sur les voyages aériens, selon un récent sondage effectué par Continental Research et KNOTs.

Selon un récent sondage auprès des agents de voyage allemands, le marché allemand des voyages à l'étranger prend de l’assurance. En janvier et février 2007, les ventes des agences de voyage ont augmenté de 7,2 % et 7,1 % respectivement par rapport à janvier et février 2006. Selon un autre sondage auprès des agences de voyages, la majorité des ventes de voyages en février portaient sur des vacances de dernière minute prises en mars. En avril, les ventes se sont ralenties mais en mai et en juin, la demande était « bonne ». Les réservations effectuées en juillet et en août affichaient un « potentiel de vente significatif ».

Deux nouvelles études effectuées par Tourism Australia ont identifié cinq segments principaux au sein des marchés japonais et chinois des voyageurs long‑courriers. En ce qui concerne les Japonais, les deux plus grands marchés sont ceux des « chercheurs de défis » (24 % du marché), qui aiment se plonger dans la culture locale et préfèrent les destinations insolites; et des « sophistiqués » (23 %), qui aiment voyager et cherchent à vivre des expériences de qualité sans trop d’effort. Selon l’étude, tous les segments des voyageurs japonais se rendant à l’étranger considèrent le Canada comme une destination long‑courrier intéressante.

Les deux plus grands segments identifiés au sein du marché chinois des voyageurs long‑courriers sont les « chercheurs de défis » (24 %) et les voyageurs « sur le départ » (25 %). Ces derniers veulent éviter les voyages collectifs et préfèrent les destinations long‑courriers en dehors de l’Asie du Sud‑Est. Toutefois, les deux seuls segments du marché chinois qui ont identifié le Canada comme une destination intéressante sont les segments « famille‑connaissances » (13 %) et « à proximité de chez‑soi » (22 %). Les voyageurs appartenant au segment « famille‑connaissances » favorisent les destinations leur permettant de rendre visite à de la famille ou à des amis, tandis que le segment des « à proximité de chez‑soi » préfèrent les voyages collectifs vers des destinations familières et rassurantes.

Selon un récent sondage de totaltravel.com, les préoccupations liées à l’environnement peuvent avoir une incidence sur les décisions des Australiens en matière de voyages aériens. Plus d’un tiers des Australiens interrogés (35 %) ont indiqué se soucier des changements climatiques au point de participer de leur propre gré à un programme de compensation des émissions de gaz carbonique, tandis que 18 % ont indiqué envisager d’éviter les voyages en avion. Selon le rapport, ces résultats soulignent l’impact potentiel des préoccupations environnementales sur les activités touristiques de demain.

L’indice des indicateurs avancés du tourisme présente un aperçu des perspectives à court terme de l’industrie touristique, grâce au suivi des facteurs économiques et non économiques qui ont une incidence sur la demande dans les principaux marchés touristiques du Canada, y compris le marché intérieur. La cote de chaque composante de l’indice montre l’influence que la composante devrait avoir sur les voyageurs en provenance du marché source à court terme. La cote globale indique le rendement prévu du marché source à court terme, comparativement à la même période l’an dernier.

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