Les Cantons‑de‑l’Est : la vie cantonale à son meilleur

(article publié initialement dans TOURISME)

La région des Cantons-de-l’Est, au Québec, illustre sans doute le mieux la qualité de l’expérience touristique véhiculée par le mot « villégiature ». Ce mot désigne le genre de vacances bucoliques que l’on passe en milieu champêtre et dans de petits villages d’où semble émaner un profond sentiment d’appartenance – assez puissant, semble-t-il, pour rajeunir l’âme.

Les Cantons‑de‑l’Est offrent cela et plus encore. La région se targue d’être la première destination cycliste au Québec, avec ses 500 kilomètres de pistes de la Véloroute des Cantons. (Cette route est divisée en sept circuits conçus de manière que les cyclistes puissent connaître les coins les plus pittoresques de la région.) Par ailleurs, le Chemin des Cantons est un nouveau circuit automobile de 415 kilomètres qui serpente dans la campagne, traversant 31 municipalités, d’Ulverton à Bromont.

Pour enrichir encore davantage leur expérience, en suivant le Chemin des Cantons, les automobilistes peuvent se procurer deux CD qui font revivre l’histoire de la région, qui a donné à ce secteur une saveur distinctive. Après la guerre de l’Indépendance américaine (1775‑1783), les terres vierges qui s’étiraient le long de la frontière ont été cartographiées par les Britanniques; ces derniers les ont mises à la disposition des Loyalistes qui s’étaient exilés de ce qui allait devenir les États‑Unis d’Amérique. L’architecture régionale est fortement influencée par ces premiers colons, qui venaient surtout de Nouvelle‑Angleterre; après 1850, les francophones ont commencé à s’établir dans la région et forment maintenant la majorité de la population.

Le visiteur trouvera dans les Cantons‑de‑l’Est des villages pittoresques et une variété d’expériences touristiques remarquables. Vous pouvez, par exemple, prendre place à bord du magnifique train touristique Orford Express pour admirer les paysages bucoliques des régions de Sherbrooke, Magog, Eastman et Bromont, où les montagnes, les vallées, les prairies et les lacs sont un véritable enchantement.

À Lac‑Drolet, non loin de Lac‑Mégantic, on peut également visiter l’Argus Bleu, un musée d’insectes exposant plus de 1 600 espèces naturalisées provenant de quelque 50 pays. À l’Épopée de Capelton (anciennement appelée Mines Capelton), le Tour du prospecteur et des Visites nocturnes aux flambeaux sont au programme, dans une mine de cuivre désaffectée vieille de 140 ans.

Reflets d’un patrimoine presque exotique

Cet été, au Vignoble de l’Orpailleur, il y aura des ateliers sur le métier du tonnelier et une nouvelle exposition sur la récolte du liège et la fabrication de bouchons. De nombreuses activités sont prévues pour cette année dans les 14 vignobles situés le long de la Route des Vins des Cantons‑de‑l’Est.

Au village de Fitch Bay, les âmes romantiques pourront découvrir Bleu Lavande, premier producteur de lavande au Canada, où sont cultivés 220 000 plants. Pour 2007, une dizaine de nouveaux produits cosmétiques et culinaires seront en vente à la boutique. Tous les mardis de juillet et d’août, les visiteurs peuvent pique‑niquer dans les champs de lavande en écoutant de la musique classique. Les Mardi Bleu Classique (nom donné aux concerts) sont produits en collaboration avec le Centre d'Arts Orford.

On peut se demander comment une telle éclosion d’expériences touristiques a pu se produire dans les Cantons‑de‑l’Est. Nous avons posé la question à Melissa Provencher, du Manoir Hovey de North Hatley. L’Auberge Ripplecove & Spa et le Manoir Hovey sont deux auberges cinq étoiles situées en bordure du lac Massawippi, à une heure de route environ au sud‑est de Montréal et à 20 minutes du Vermont. Ces deux établissements lancent en mai un forfait cyclisme, pour lequel les chefs cuisiniers des deux auberges prépareront un lunch gourmand composé de spécialités locales emballées dans un sac à dos isolé (compris dans le prix du forfait). Le soir, les invités pourront se régaler sans complexe à la table gastronomique des deux auberges, dont les salles à manger surplombent les extrémités opposées du lac Massawippi. Après deux nuitées passées à la première auberge, les invités pourront pédaler doucement vers la seconde auberge, le long de routes secondaires panoramiques, pendant que leur voiture et leurs bagages seront transférés par service de voiturier avant leur arrivée.

Mme Provencher dit que ce forfait peut être adapté à tous les âges, car la distance parcourue est établie par les cyclistes eux‑mêmes : « Nous avons prévu environ 20 kilomètres, du Manoir à l’Auberge Ripplecove. Si les cyclistes sont habitués à de plus grandes distances, nous les aidons à préparer leur itinéraire. »

Diversifier le marché

« Nous prévoyons que la plupart des gens viendront de Montréal, de Québec ou d’ailleurs », poursuit‑elle. « Nos auberges attirent depuis longtemps pas mal de clients des États‑Unis, mais ils seront peut‑être moins nombreux pour le forfait cyclisme. Nous commençons à offrir ce forfait, mais jusqu’ici, environ 60 % de nos invités venaient des États‑Unis, le reste de la clientèle étant généralement composée de Québécois, d’Allemands et d’Européens. »

Mme Provencher dit qu’en raison du taux de change (avec le dollar américain), les Américains visitent moins la région, et que les villages environnants s’en ressentent : « J’ai constaté que certaines boutiques de cadeaux qui dépendent du tourisme ont fermé, notamment à Knowlton et Sutton; il faut donc continuer à faire valoir le caractère unique de nos villages pour trouver de nouvelles sources de revenus. Pour notre auberge, la raison pour laquelle il semble y avoir tant d’activités sur le plan touristique, dans les Cantons‑de‑l’Est, c’est que nous estimons nécessaire d’atteindre un public plus jeune qui s’intéresse passionnément à nos racines, car nous appartenons vraiment à un village historique. »

D’ajouter Mme Provencher : « Nous nous efforçons d’attirer de jeunes consommateurs sans pour autant délaisser nos clients qui viennent ici depuis 20 ans. C’est comme dans tout autre secteur qui doit affronter des défis économiques; il faut faire preuve d’innovation et trouver de nouvelles idées et de nouveaux forfaits pour attirer ces nouveaux clients. »

Heureusement, dit Mme Provencher, la région des Cantons‑de‑l’Est déploie des efforts supplémentaires pour promouvoir les produits régionaux. Ces produits sont inspirés par la culture, la façon de voir le monde, les paysages, les métiers d’autrefois et les contrastes entre les expériences vécues au quotidien par les consommateurs et celles que vivent les résidents des destinations hôtes. Les touristes veulent devenir des résidents temporaires et connaître des plaisirs qu’ils ne peuvent pas s’offrir chez eux.

Les Cantons‑de‑l’Est peuvent, semble‑t-il, offrir ce genre d’expérience, avec confiance et authenticité.

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