Un été radieux en perspective

(article publié initialement dans TOURISME)

Si 2006 a semblé être l’année des privations pour les voyageurs et l’industrie, 2007 transporte avec elle un parfum d’optimisme prudent, après les odeurs plutôt âcres qui l’ont précédé. Pour sonder l’humeur générale qui prévaut à l’approche de ce qui sera, espérons-le, une période de renouveau, nous avons demandé à quelques membres de l’industrie de nous dire ce que pourraient nous réserver les vents dominants, à l’aube d’un autre été.

Lynn Flury, directrice générale du Hilton Garden Inn, de Saskatoon, dit que l’été qui approche « semble pas mal solide » :

« Une des choses sur lesquelles nous comptons dans ce marché [des hôtels du centre-ville], ce sont les conférences nationales qui ont lieu surtout l’été. Pour le moment, il est très difficile de prédire l’évolution du marché des voyages d’agrément, mais j’estime qu’il sera favorable, si je me fie à ce qui se passe ailleurs au pays. Nous prévoyons accueillir beaucoup de gens d’affaires américains [la chaîne Hilton est archiconnue aux États-Unis]. Ces dernières années, l’économie a été très vigoureuse à Saskatoon; si elle se maintient, notre secteur continuera à en profiter. »

En Alberta, Pierre Frigon, directeur du marketing et des voyages de groupe et d’agrément, au Sawridge Inn and Conference Centre, de Jasper, renchérit :

« Notre été sera fabuleux. Nous attendons moins de voyageurs américains que jamais auparavant, mais aussi beaucoup plus d’Albertains que jamais. Notre période de pointe, pour les voyages d’agrément, s’étend du 15 juin au 15 octobre [les conférences ont lieu avant et après cette période]. Le parc national de Jasper célèbre son 100e anniversaire et pour souligner l’événement, nous présenterons une pièce sur le thème de la conservation de l’eau dans la salle de bal, qui est sous-utilisée durant l’été. »

Vous vous souvenez de la férocité des tempêtes qui se sont abattues sur le parc Stanley, à Vancouver, cet hiver? Gerry O’Neil, de la Stanley Park Horse-Drawn Tours, espère que les visiteurs ne s’imagineront pas que cette attraction de calibre international a complètement disparu :

« On a perdu de 5 000 à 8 000 arbres, et les médias en ont beaucoup parlé, partout dans le monde. Un certain nombre de voyagistes ont téléphoné pour nous demander si nous étions toujours en affaires. Il faut que les gens sachent que les tempêtes ont détruit moins de 1 % des arbres du parc, dans des zones très localisées, loin de nos itinéraires. Nous l’avons dit aux voyagistes qui ont téléphoné, mais je m’inquiète davantage de ceux qui n’ont pas appelé. C’est encore un peu tôt, mais tout indique qu’il n’y aura pas de baisse. Nous avons connu une bonne augmentation l’an dernier, notre chiffre d’affaires ayant progressé de 12 % par rapport à l’année précédente. »

Pour David Pancoe, de Northern Soul, qui organise des expériences de canotage au Manitoba et qui a fait des investissements stratégiques en marketing, tout indique que les récompenses arriveront bientôt :

« Nous recevons des dépôts. Je réponds à toutes les demandes de renseignements provenant des salons commerciaux, et les choses tombent en place, surtout au Royaume-Uni. C’est sur ce marché que notre croissance est la plus forte. J’en attribue la cause aux salons auxquels j’ai participé et à la liaison aérienne directe entre Londres et Winnipeg. »

Un vétéran de l’industrie, Paul Leeson, de Purcell Mountain Lodge, en Colombie-Britannique, analyse ainsi les tendances dont il est témoin :

« Il y a un peu d’optimisme, mais les réservations n’ont toujours pas atteint les niveaux d’avant le 11 septembre. Le redressement est beaucoup plus lent que prévu, mais la situation s’améliore légèrement par rapport à l’an dernier. Je ne veux pas jeter tout le blâme sur le 11 septembre, car je pense que nous avons traversé la tempête du siècle. L’offre de voyages d’aventure et d’expéditions en pleine nature a explosé, mais la demande n’a pas vraiment suivi le mouvement. Y aura-t-il rattrapage? Je l’ignore. En gros, les produits d’aventure sont tellement nombreux et l’industrie a pris tant d’expansion, ces 10 dernières années, qu’il n’est pas étonnant que certains d’entre nous n’arrivent plus à afficher complet. Nous concentrons maintenant nos efforts sur l’industrie des voyages, la forfaitisation et les excursions en petits groupes. Notre clientèle autonome ne se reconstitue pas et il faudra améliorer nos partenariats pour accomplir quelques progrès. Nous avons remporté certains succès avec des groupes de Japonais et de randonneurs spécialisés; désormais, nous ne pouvons plus compter sur l’Amérique du Nord. »

Rudolf Hegetschweiler, directeur commercial de Misa Tours International, à Victoriaville, perçoit quelques signes encourageants. Sa clientèle est essentiellement européenne :

« L’année qui s’annonce ressemble davantage à 2005 qu’à 2006, qui nous a frappés très durement. Mais nous avons survécu et les choses s’arrangent, grâce à l’augmentation des réservations. Est-ce à cause de la stabilisation du marché des devises? Les gens ont-ils appris à surmonter leurs craintes et le stress que leur infligent les aéroports? Je pense que les gens ont été forcés de restreindre leurs projets de voyage au cours des cinq à six dernières années et qu’ils sont restés chez eux à cause de cela. Aujourd’hui, ils sentent de plus en plus le besoin de concrétiser leurs projets de voyage ou de les abandonner complètement. »

Nathalie Blouin travaille pour Québec Maritime. Elle évalue souvent l’été en fonction de ce que font les Européens :

« Étant donné que les Européens réservent plus tôt que la clientèle moins éloignée, nous savons souvent ce que nous réserve l’été en observant ce que font les visiteurs d’outre-mer. Les réservations vont bon train. Avec la CCT, nous avons participé récemment au Salon mondial du tourisme, à Paris, où nous avons pu constater l’engouement qu’éprouvent les Européens francophones à l’égard des expériences vécues en pleine nature. Avec nos parcs nationaux, nos excursions d’observation de mammifères marins, le kayak de mer et les randonnées pédestres, nous sommes bien positionnés. Pour ces activités, la demande ne semble pas vouloir diminuer de sitôt. »

Les représentants de l’industrie du tourisme du Nunavut sont les premiers à faire valoir que les croisières (par opposition au saute-mouton que l’on fait en avion) permettent de voir plus de territoire d’un seul coup. Dugald Wells est tout à fait d’accord. Il est président de Cruise North, qui exploite un navire baptisé Lyubov Orlova :

« Ce navire est notre moyen de transport, mais il sert aussi de point de départ pour nos promenades en Zodiak, nos randonnées pédestres et nos activités d’observation de la faune. Nous en sommes à notre troisième année d’exploitation et nos activités sont centrées exclusivement sur le Canada. La plupart des voyages durent huit nuitées seulement. Nos prix comprennent le billet d’avion à partir de Montréal; le transporteur est une société soeur qui appartient aussi aux Inuits. Cet été, nous pensons au moins doubler le nombre de réservations. L’an dernier, 10 % de notre clientèle venait d’outre-mer. Cette année, près de 70 % de notre clientèle viendra de là-bas, surtout de France et d’Allemagne.

« Sur le plan opérationnel, nous travaillons assidûment pour faire participer un plus grand nombre d’Inuits. Cette année, 14 Inuits font partie du personnel de bord, et nous faisons beaucoup de formation dans les domaines de l’accueil, des premiers soins et de la conduite de Zodiaks. C’est une partie importante de notre travail et c’est pourquoi les gens aiment tant ces voyages; l’authenticité des rapports avec les Inuits repose simplement sur le côtoiement, plutôt que sur la présence d’un artéfact vivant [d’un sculpteur célèbre, par exemple]. Nos invités apprennent à connaître les Inuits différemment lorsqu’ils se font conduire par eux dans un Zodiak. »

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