Culture et tourisme : un heureux mélange


(article publié initialement dans TOURISME)

Les organisations culturelles et patrimoniales collaborent régulièrement avec le secteur touristique, mais un grand nombre d’organisations du patrimoine n’ont pas vraiment déterminé ce que ces partenariats pourraient leur apporter. Donna Dul, coprésidente de l’Initiative fédérale‑provinciale/territoriale sur le tourisme (IFPTT), explique que l’Initiative a été créée pour examiner le rôle de la culture et du patrimoine dans l’économie du tourisme, et la façon dont ces secteurs profitent à l’industrie.

Mme Dul, qui dirige également la Direction générale des ressources historiques du Manitoba, trouve que c’est plus facile à dire qu’à faire : « Est‑ce profitable à tous les participants? Dans l’affirmative, comment pouvons‑nous l’approfondir? Si ce n’est pas le cas, que pouvons‑nous faire pour sensibiliser nos collègues de l’industrie touristique aux questions particulières qui touchent le secteur des arts et du patrimoine en tant que partenaire du tourisme? » Elle signale qu’il y a près de dix ans, on a constaté un besoin accru de collaboration entre les secteurs touristique et culturel. On a réalisé que de nombreuses attractions au Canada (musées, sites du patrimoine ou festivals) favorisent le tourisme. Les ministres responsables de la culture étaient souvent également chargés du tourisme. Cependant, les deux secteurs semblaient fonctionner en vase clos.

Lorsque Mme Dul et ses collègues ont commencé à examiner des modèles axés sur la collaboration, ils ont établi des principes axés sur le respect des processus locaux. « Par exemple, nous avons réalisé que de nombreux guides rédigés par l’industrie touristique ne sont pas adaptés au contexte de la culture et du patrimoine. Il faudrait mettre l’accent sur la collaboration avec les groupes locaux et sur les initiatives de formation. »

Mme Dul réalise bientôt que de nombreuses provinces offrent de la documentation aux organisations du patrimoine et des arts. Cependant, ces outils sont surtout axés sur le marketing : « Souvent, les organisations du domaine des arts n’ont pas besoin de conseils en marketing, mais plutôt d’objectifs clairs et d’une compréhension du soutien que peut leur offrir le secteur touristique pour atteindre ces objectifs. Nos collègues du tourisme accordent parfois trop d’importance au marketing, alors qu’il leur faudrait s’informer davantage sur les réseaux, les besoins et le rôle des organisations culturelles et patrimoniales. Il faut établir un processus de développement de base. »

Mme Dul parle ensuite de l’analyse économique et décrit une préoccupation relative au rendement des contributions faites par les organisations des arts et du patrimoine. « On a tendance à examiner le nombre de visiteurs. On se dit que lorsque le nombre de visiteurs augmente, tout va bien. Cependant, bon nombre d’installations (particulièrement des sites du patrimoine) sont préoccupées par la détérioration causée par l’augmentation des visiteurs. L’activité touristique entraîne‑t-elle des pressions additionnelles sur des ressources fragiles? Les organisations culturelles et patrimoniales reçoivent‑elles du soutien ou des fonds pour entretenir leurs infrastructures? »

Du point de vue du secteur des arts et du patrimoine, il s’agit de questions délicates qui n’avaient pas été vraiment abordées avant l’IFPTT, souligne Mme Dul. « Il est facile de parler d’un partenariat – nous connaissons les avantages pour l’industrie touristique. Mais que sont‑ils pour le secteur des arts et du patrimoine? Nos collègues du tourisme ont une réponse simple : l’augmentation du nombre de visiteurs et les droits d’entrée. Cependant, ce montant ne suffit généralement pas à couvrir l’ensemble des coûts d’entretien et d’exploitation des sites du patrimoine et des parcs, compte tenu des nombreux programmes de conservation et d’interprétation. »

Les intervenants de l’IFPTT savent qu’il s’agit d’une question complexe, qu’on ne peut résoudre simplement en demandant plus de fonds au secteur touristique. Mme Dul estime qu’on reconnaît de plus en plus le rôle joué par la culture et le patrimoine dans le tourisme, dans l’ensemble du Canada. « Des échanges très positifs pourraient avoir lieu, même si bon nombre de petits musées et de sites du patrimoine luttent pour demeurer ouverts et pour continuer d’offrir des services adéquats. À ce titre, nous n’avons pas encore observé de changements importants, mais on constate que les décideurs sont de plus en plus sensibilisés au fait que le secteur des arts et du patrimoine a besoin de soutien pour jouer pleinement son rôle de partenaire du tourisme. »

« J’ai constaté que le Canada accuse un retard à l’échelle internationale pour ce qui est d’attirer de nouveaux visiteurs, en raison du manque de produits culturels. Comment peut‑on élaborer des produits culturels si l’on ne dispose d’aucune nouvelle stratégie d’investissement? Comment faire pour choisir les meilleurs produits, les plus authentiques et les plus uniques? »

On continue de tenter d’atteindre un juste milieu. Le dialogue semble désormais plus ouvert.

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