King Pacific Lodge : pionnier de l’amélioration du bilan carbone

Photo: Claude-Jean Harel

(article publié initialement dans TOURISME)

L’amélioration du bilan carbone des activités touristiques est un processus complexe, même dans le meilleur des mondes. Lorsque quelqu’un prend la tête, une longue période de questionnement a dû avoir lieu pour trouver une solution, particulièrement si les mesures prises affectent grandement les résultats escomptés. Un des chefs de file de l’industrie est King Pacific Lodge (C.-B.), camp de pêche flottant particulier qui a reçu des éloges de partout dans le monde.

Amarré à l’abri dans le Barnard Harbour de Princess Royal Island (au sud de Prince Rupert), le camp offre aux visiteurs tout le luxe possible dans une nature sauvage. Il n’est accessible que par hydravion et est situé près de la Great Bear Rainforest, plus grande forêt pluviale tempérée intacte au monde. Imaginez comment le bilan carbone pèse lourd sur un tel endroit!

King Pacific Lodge a récemment annoncé un plan d’amélioration de son bilan; on prévoit réduire les émissions de carbone de moitié d’ici les cinq prochaines années. Il vise à éliminer de telles émissions des activités du camp et des déplacements du personnel et des visiteurs (par avion). Ainsi, l’entreprise tiendra sa promesse d’offrir des vacances neutres en carbone.

Même si les journalistes et les environnementalistes ont rapidement souligné que le camp reste un acteur relativement mineur dans l’amélioration du bilan carbone, le président de King Pacific Lodge, Michael Uehara, est inspiré par quelque chose de plus fondamental. Son équipe et lui veilleront sur tout : utilisation d’ampoules fluocompactes, recyclage, construction d’un barrage hydroélectrique sur la rivière et installation de panneaux solaires. Ils feront aussi appel à des fournisseurs qui ont leur propre programme de réduction du carbone.

« Nous mettons l’accent sur le changement d’attitude, l’embauche de personnes qui partagent notre vision, l’association avec d’autres entreprises et la création d’un réseau de partenaires ayant une philosophie semblable, indique Michael. Nous communiquons le besoin d’amélioration de notre bilan carbone, ce qui influe sur notre approche liée à la responsabilité sociale et environnementale et même notre perception des pratiques équitables. »

« Nous avons envoyé à tous nos fournisseurs une lettre indiquant ce que nous allons faire, et les réponses étaient incroyables. Depuis des années, ces entreprises prenaient des mesures à notre insu. Il est vrai que nous ne sommes qu’une petite entreprise qui améliore son bilan carbone; cela n’a pas la portée d’une usine au charbon du bord du lac Ontario qui réduit ses émissions. Nous sommes davantage axés sur la mobilisation de nos mesures collectives, et je suis étonné de la rapidité de la progression des événements. »

D’après Michael, pour réaliser cela, King Pacific Lodge travaille avec Ecotrust Canada, organisme visant l’établissement d’une « économie de conservation » ainsi que la mobilisation de capitaux à titre d’intermédiaire entre les collectivités et les entreprises. Ecotrust établit un lien entre les entrepreneurs touchés par la conservation.

« On encourage dix autres entreprises à adhérer à un programme d’élimination du carbone, mentionne Michael, auquel participera le Pembina Institute, organisme sans but lucratif visant à concevoir un outil de mesure du bilan carbone afin d’évaluer le bilan des entreprises et de trouver des façons de l’améliorer. »

Lorsqu’on lui a rappelé que le tourisme est souvent considéré comme une des industries qui produisent le plus d’émissions de carbone, Michael a répondu ce qui suit :

« Ce n’est pas pour rien que nous avons tous notre propre définition de l’hôtellerie et du tourisme. Selon moi, ces services sont essentiels. Ils permettent aux gens de sortir de chez eux et de découvrir un autre monde. C’est un peu comme offrir un cours intensif dans le quotidien d’autres gens, dans un contexte authentique et étranger. Cela nous permet d’élargir notre esprit et d’apprécier davantage tout ce que la vie a à nous offrir.

« Bien sûr qu’il y a un prix à payer. Tout à un prix : la naissance d’un enfant entraîne un coût environnemental. Devons‑nous cesser de mener des activités touristiques? Le tourisme en vaut‑il le prix? Certainement! Nous avons tous besoin d’un peu de repos. Nous avons tous besoin d’être dorlotés. D’une certaine façon, c’est dans la nature humaine depuis le début des temps. »

Évidemment, la recherche de solutions se poursuit au King Pacific Lodge.

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