Mettre l’accent sur le tourisme autochtone

Daniel Paul Bork

(article publié initialement dans TOURISME)

Les paysages spectaculaires, les expériences uniques et les cultures dynamiques sont de précieux atouts dans le domaine du tourisme. Le tourisme autochtone au Canada offre tous ces éléments. Le nouveau PDG de Tourisme autochtone Canada (TAC), Daniel Paul Bork, souhaite s’assurer que ces produits touristiques enrichissent le marché du Canada et qu’ils obtiennent le succès qu’ils méritent.

M. Bork, président de la société Cook Consulting, du Manitoba, a été nommé PDG de TAC ce printemps. Il souligne que le secteur du tourisme autochtone a connu une forte croissance, accompagnée d’un remaniement de son mandat. Par le passé, les associations touristiques autochtones étaient bien représentées au sein du conseil d’administration de TAC. L’objectif principal était de défendre les intérêts de ces associations tandis qu’elles élaboraient des stratégies régionales. Aujourd’hui, à la demande des organismes de financement et de certains administrateurs, l’objectif consiste plutôt à améliorer, à faciliter et à appuyer l’industrie touristique autochtone dans la mise en marché de leurs produits.

M. Bork s’est fixé un objectif précis : désigner 25 produits touristiques autochtones reconnus à l’échelle internationale et les offrir sur le marché. « Nous voulons promouvoir ces produits sur la scène internationale, auprès de consommateurs souhaitant visiter le Canada, afin d’encourager ces derniers à inclure des produits autochtones dans leur itinéraire. »

M. Bork reconnaît qu’il y aura plusieurs défis à relever : il existe des déséquilibres entre les régions en ce qui concerne les produits disponibles. « Dans certaines régions du pays, on manque d’organisation, notamment au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et dans les Maritimes. Les propriétaires et les exploitants ont eu de la difficulté à promouvoir leurs produits touristiques autochtones, ce qui semble un peu étrange, en particulier dans les Prairies, où les Autochtones sont nombreux et où l’on trouve d’excellents produits. Cependant, on a observé une tendance consistant à mesurer le succès de produits individuels plutôt que de l’ensemble de l’industrie pour élaborer une stratégie visant la mise en marché des produits. »

« Le marketing est à la fois un art et une science », poursuit M. Bork. « Par le passé, certaines initiatives de marketing ont été très peu efficaces. C’est une question d’expérience. Il faut embaucher des gens ayant de l’expérience. » M. Bork indique que les voyagistes autochtones ont tendance à collaborer efficacement avec leur organisation provinciale de marketing (p. ex. Tourisme C.‑B.); on constate l’efficacité de ce type de partenariat, comparativement à d’autres administrations où l’on n’a pas conclu de telles ententes de marketing.

M. Bork souligne qu’aux termes du nouveau mandat de TAC, l’élaboration des produits touristiques autochtones demeurera la responsabilité des associations touristiques régionales (autochtones) existantes. « TAC souhaite faciliter l’élaboration des produits afin de favoriser l’écotourisme, grâce aux spécialistes du tourisme autochtone et à des stratégies efficaces. Ce sera notre rôle, mais nous ne nous occuperons pas du développement. » TAC a été en contact avec la Société internationale d’écotourisme, qui élabore une stratégie d’écotourisme pour les Autochtones et qui compte 15 projets axés sur l’écotourisme. M. Bork estime qu’il s’agit d’une excellente occasion d’associer cette expertise à l’élaboration de produits touristiques autochtones au Canada.

« Nous avons remarqué que le secteur du développement économique et les entreprises autochtones travaillent souvent en vase clos. Mon rôle est de les faire travailler ensemble et avec d’autres partenaires afin d’accroître leur clientèle. Il est très important d’établir des relations. »

Selon M. Bork, il existe un besoin pressant en matière de recherche. Celui‑ci espère que ce volet du nouveau mandat de TAC pourrait permettre de mobiliser la Commission canadienne du tourisme (CCT). « Nous avons déjà décidé d’aller de l’avant en effectuant des recherches dans le marché allemand au cours des mois à venir. Il sera important de diffuser les résultats de cette étude de marché et d’en informer les voyagistes et les associations touristiques régionales, afin d’établir un lien entre le propriétaire/exploitant, le produit et les voyagistes. Les résultats de la recherche doivent être faciles d’accès et utilisés pour mettre en valeur les produits touristiques autochtones du Canada. »

Selon M. Bork, la présentation des expériences touristiques autochtones est essentielle. Trop souvent, les visiteurs reçoivent un minimum d’information et sont ensuite laissés à eux‑mêmes. Cependant, les visiteurs veulent s’informer et vivre des expériences enrichissantes, du point de vue des Autochtones. Il ne suffit plus d’installer quelqu’un dans un canot et de pagayer toute la journée pour parler d’une expérience autochtone.

Il peut être difficile de définir les produits touristiques autochtones. Des hôtels et des lignes aériennes au Canada appartiennent à des Autochtones, en totalité ou en partie, mais leur lien avec la culture autochtone n’est pas toujours évident. « Ceci pourrait permettre d’établir un juste équilibre », indique M. Bork. « Par exemple, on pourrait promouvoir un produit ou un service appartenant à 51 % à des Autochtones avec d’autres produits et services non autochtones. De plus, certains produits, tels que des casinos et des terrains de golf, n’offrent pas d’expériences autochtones traditionnelles, mais il s’agit en fait de produits appartenant entièrement à des Autochtones. »

Compte tenu des défis à venir, il n’est pas surprenant que le nouveau PDG de TAC insiste sur les partenariats. Le partenariat concernant l’emplacement du nouveau bureau de TAC est un bon exemple : l’espace de bureau sera partagé avec l’Association de l’industrie touristique du Canada à Ottawa. « Nous voulons sortir de notre isolement et collaborer beaucoup plus étroitement avec le reste de l’industrie, dans notre intérêt mutuel. »

Commentaires