Au Nunavut, le marketing touristique manque d'argent

(article publié initialement dans TOURISME)

Dans un article publié dans le Nunatsiaq News du Nunavut, John Thompson écrit que selon Tourisme Nunavut, le territoire pourrait engranger beaucoup plus de recettes touristiques s'il se faisait mieux connaître du reste du monde. « C'est la plus grande industrie du monde », a déclaré Jillian Dickens, agente de marketing à Tourisme Nunavut. « Pour avoir notre part, il faut investir sérieusement. »

Cet office de tourisme reçoit, surtout du gouvernement du Nunavut, à peine plus de 2 millions $ par année, dont 750 000 $ pour le marketing. Tourisme Nunavut voudrait 3 millions $ de plus pour faire concurrence à ses rivaux. Or, même si l'office obtenait gain de cause, il ne disposerait encore que de la moitié du budget de l'office de tourisme des Territoires du Nord-Ouest, indique M. Thompson.

« Il sera sans doute difficile de convaincre le gouvernement du Nunavut, déjà inondé de demandes de financement de services de base comme l'éducation et les soins de santé », écrit M. Thompson. « Or, Mme Dickens dit qu'une grosse campagne de marketing se paierait d'elle-même, grâce aux recettes provenant des visiteurs. » Elle donne l'exemple du Colorado, qui a récemment augmenté ses dépenses de marketing et qui a vu monter en flèche le chiffre d'affaires des entreprises locales.

« Mais le Colorado n'est pas le Nunavut, poursuit M. Thompson. Plusieurs petites entreprises du territoire ne sont peut-être pas prêtes à accueillir des hordes de touristes et à leur offrir les services auxquels ils s'attendent. Certains guides [...] peuvent s'éloigner du téléphone pendant des semaines [ou] ne pas se montrer à un rendez-vous », explique M. Thompson.

« Dans les agglomérations, les hôtels peuvent avoir des chambres défraîchies, de la tuyauterie qui fuit et un service de restauration irrégulier. Même à Iqaluit, on peut attendre 15 minutes ou plus pour se faire servir au restaurant. Il y a bien sûr des entreprises de qualité, mais les touristes peuvent avoir de la difficulté à s'y retrouver. »

Tourisme Nunavut essaie d'orienter la clientèle vers des commerces fiables, mais les entreprises figurant sur son site Web ne répondent pas toutes aux normes minimales auxquelles pourraient s'attendre les touristes, explique Mme Dickens.

D'ajouter M. Thompson : « Il manque aussi d'infrastructures de base, comme des quais et des petits ports, qui aideraient les touristes en croisière à descendre à terre sans devoir ramper sur les roches glissantes d'un brise-lames. Le pessimiste pourrait penser que le fait d'attirer trop de touristes trop tôt pourrait nuire au développement de l'industrie du tourisme, au Nunavut. Mais Mme Dickens affirme le contraire : amenez-nous des touristes, et la qualité du service s'améliorera. »

Selon l'article, Tourisme Nunavut a posé d'autres gestes modestes pour rendre le territoire plus attirant. Selon un sondage effectué en 2006 les touristes réprouvaient surtout la présence de déchets visibles. « Pour éliminer cette pollution visuelle à Iqaluit, écrit M. Thompson, Tourisme Nunavut a obtenu des élèves du secondaire qu'ils ramassent des détritus tout au long de l'année. Et au début d'octobre, des poubelles ont été installées à Iqaluit, grâce à un projet piloté par Tourisme Nunavut et la municipalité d'Iqaluit. »

Une autre enquête révèle que le Nunavut a reçu environ 10 000 visiteurs de juin à octobre 2006. En extrapolant, Tourisme Nunavut dit que le territoire a accueilli 19 000 visiteurs durant toute l'année; la moitié viennent pour les affaires et le tiers, pour l'agrément. Les autres visitent parents et amis ou suivent des cours.

La plupart des visiteurs du Nunavut ont au moins 50 ans, ont l'habitude des voyages et sont bien nantis. La plupart viennent du Sud du Canada. Le nombre de visiteurs américains, français et britanniques est également important.

En tout et pour tout, ces visiteurs ont dépensé 26 millions $ au Nunavut.

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