Séquelles de la tragédie des Éboulements : les intervenants en tourisme tournent la page

(article publié initialement dans TOURISME)

Voilà dix ans, un autocar transportant 48 passagers dévalait la grande côte des Éboulements, dans la région de Charlevoix, au Québec.

Quarante-quatre personnes ont perdu la vie le jour de l'Action de grâces quand leur véhicule s'est écrasé au fond d'un ravin. Dans un article publié récemment dans le quotidien Le Soleil de Québec, Sylvain Desmeules décrit comment ce hameau pittoresque essaie aujourd'hui de tourner la page.

Ce fut la pire tragédie routière à survenir au Canada. Elle a profondément bouleversé non seulement la population locale, mais aussi l'industrie du tourisme. Avant le 13 octobre 1997, les voyages organisés représentaient 50 % du marché touristique de l'Isle-aux-Coudres, avec plus de 800 autobus par année. Aujourd'hui, écrit M. Desmeules, les meilleures années se traduisent par la visite de moins de 400 autobus.

Il cite le président de la Société des établissements touristiques de l'Isle-aux-Coudres, Pierre Mazière : « L'accident de la grande côte n'a fait qu'accentuer la tendance lourde, à savoir la diminution des voyages nolisés par autobus. »

M. Desmeules a aussi interrogé Éric Fournier, qui dirigeait l'Association touristique de Charlevoix, et qui se souvient bien de la panique qui régnait. « On se remettait à peine des inondations [au Saguenay] en 1996 et voilà que la perception des visiteurs à l'égard de Charlevoix, au niveau des routes, était nourrie d'images négatives ». Il y a eu une vague d'annulations. Les autorités gouvernementales ont pris la décision controversée de modifier la route pour réduire les risques (plus tard, la cause de l'accident a été attribuée à une défectuosité du système de freinage de l'autobus). M. Mazière estime que si la côte n'avait pas été refaite, de nombreuses entreprises auraient fermé leurs portes.

Pour l'industrie des autocars, raconte M. Desmeules dans son article, ce fut un signal d'alarme. D'expliquer Romain Girard, de l'Association des propriétaires d'autobus du Québec : « Nous avons alors pris conscience comme notre image de sécurité était précieuse. [Nous avons entrepris] une profonde réforme, autant sur la sécurité que sur la nouvelle clientèle. »

M. Desmeules note que l'industrie a repris le chemin perdu. Le tourisme de groupe représente, estime-t-on, 1,3 milliard $ au Québec, dont le tiers sont des Québécois qui voyagent au Québec.

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