Une voix pour le tourisme en Ontario


Bill Allen, Président du conseil d'administration de la Tourism Industry Association of Ontario (TIAO)

Certains seront surpris d’apprendre que le secteur du tourisme, en Ontario, qui pèse 21 milliards $, n’avait pas, jusqu’ici, d’organisme de défense provincial. À compter de cette année, la Tourism Industry Association of Ontario (TIAO) remplit ce rôle, et son conseil d’administration a nommé à sa présidence Bill Allen, qui oeuvre depuis 33 ans dans la fonction publique et qui a déjà été sous-ministre du Tourisme. TOURISME lui a demandé pourquoi il a senti le besoin de relever ce nouveau défi :

« L’industrie me passionne beaucoup », répond M. Allen. « Nous avons une province et un pays merveilleux, et nous devrions les faire valoir partout dans le monde. Le tourisme est une industrie tellement positive. Quand j’étais au gouvernement, j’étais toujours désappointé de constater qu’il n’y avait pas de voix unique et forte pour représenter l’industrie du tourisme. Je pensais qu’à cause de cela, le tourisme se faisait damer le pion par d’autres industries comme celles de l’automobile, de l’agriculture ou de l’exploitation minière, qui étaient beaucoup mieux organisées et qui s’exprimaient d’une seule voix unifiée. Voilà pourquoi je fais cela. Je veux qu’une voix forte s’élève pour représenter le tourisme, afin que notre rayonnement soit le même que celui de certaines autres industries. »

M. Allen explique que la création de la TIAO résulte de profondes réflexions existentielles qui ont eu lieu parmi les exploitants touristiques de l’Ontario. « Il y avait une association appelée Tourism Federation of Ontario », fait-il remarquer. « Ses membres ne disposaient d’aucun personnel et comptaient sur le bénévolat pour rehausser le prestige de l’association. Il y a trois ans, ils ont analysé l’industrie et ont conclu qu’ils devraient avoir une association bien pourvue en ressources et dotée d’un personnel rémunéré qui serait en mesure de défendre les intérêts de l’industrie du tourisme. La formation de la TIAO découle de cette étude. Ainsi, un groupe de chefs de file du tourisme s’est réuni, a formé un conseil provisoire, et l’Association a vu le jour en mars de cette année. »

M. Allen estime que la TIAO donnera un poids considérable à l’industrie. « Sans voix unifiée, il est difficile pour les représentants de l’industrie de se faire prendre au sérieux par les autorités gouvernementales, qui peuvent être déroutées par les messages contradictoires diffusés par l’industrie. La TIAO a pour objectif de faire entendre cette voix unifiée, de se prononcer sur les grandes questions dont le gouvernement doit s’occuper, soit pour résoudre des problèmes ou pour aider l’industrie à prospérer. »

Une de ces questions fondamentales, selon M. Allen, concerne la compétitivité de l’industrie du tourisme par rapport à celle d’autres régions, particulièrement à l’extérieur du Canada. « À cause de la force du dollar, notre industrie ne possède plus l’avantage concurrentiel dont il jouissait auparavant. »

Cette situation est aggravée par de nombreux autres problèmes moins importants, poursuit-il : « Si l’on examine comment le voyageur prend la décision de visiter une destination quelconque, on constate qu’il y a trois facteurs qui entrent en jeu. D’abord, le produit : dans quelle mesure la destination me passionne-t-elle? Quelles en sont les attractions? Que peut-on y voir et faire? En deuxième lieu vient le marketing : dire aux gens ce que nous avons. Il y a certainement des domaines où l'on peut améliorer nos activités de marketing, par rapport à celles d’autres destinations. Troisièmement, dans quelle mesure est-il facile de venir ici? Quand je dis ‘facile’, je parle de capacité aérienne et du coût du voyage. Si le voyage vers l’Ontario ou le Canada coûte deux fois plus cher que le voyage vers l’Europe, c’est un facteur négatif. »

Sur ce dernier point, Bill Allen soulève une question que se posent les voyageurs qui se déplacent en automobile, notamment pour traverser la frontière : « Y aura-t-il une file d’attente? La rigueur des mesures de sécurité est une plainte que nous rencontrons souvent dans nos recherches, surtout chez les voyageurs américains. »

M. Allen aimerait notamment que le gouvernement se donne pour rôle de prospecter ces nouveaux marchés : « Par le passé, l’Ontario a concentré ses efforts sur les États frontaliers. Ce n’est pas compliqué, il suffit de prendre l’auto et de traverser. Mais ces marchés sont de plus en plus difficiles à courtiser. Il faut explorer un peu plus loin. Or, pour développer de nouveaux marchés, il faut du temps et de l’argent, alors que les destinations veulent des solutions rapides et immédiates. Le gouvernement doit avoir pour rôle de promouvoir la province sur ces nouveaux marchés. Ensuite, les destinations pourront se présenter et ‘conclure les ventes’. C’est ce genre de sensibilisation que notre association juge cruciale; cette activité nécessite l’appui financier du gouvernement. »

En ce qui concerne la collaboration de la TIAO avec le Partenariat ontarien de marketing touristique (l’actuel organisme de marketing provincial), M. Allen estime que tout ira comme sur des roulettes : « Nos relations sont déjà bonnes. Nous les avons rencontrés plusieurs fois et avons discuté du rôle du Partenariat ontarien de marketing touristique [POMT] par rapport à celui de notre association. De toute évidence, notre association ne fera pas de marketing, mais nous représenterons un certain nombre d’associations qui en font, comme Resorts of Ontario, l’Ontario Private Campground Association, Tourisme Toronto, Tourisme Ottawa et Tourisme Niagara. Dans nos rencontres avec le gouvernement, nous préconiserons, en matière de marketing, la collaboration avec le POMT et nos membres. »

Pour Bill Allen, le partenariat entre la TIAO et le POMT, qui tiendra son troisième sommet du tourisme au début d’octobre, est un bel exemple de collaboration. « Nous avons conclu un partenariat avec eux, cette année, parce que notre association est nouvelle. On envoie ainsi au gouvernement et à l’industrie un signal très positif, selon lequel nous sommes disposés à collaborer avec le POMT à l’amélioration de l’industrie. »

Selon M. Allen, l’amélioration de l’industrie consiste notamment à susciter de nouveaux investissements. C’est une activité à laquelle le ministère ontarien du Tourisme se consacre également et qui aide à maximiser les revenus de l’industrie. « Ce concept nous ramène au facteur produit. Si nous n’investissons pas dans de nouveaux produits qui attireront les gens, ils iront ailleurs. Nous disons au gouvernement qu’il ne faut pas se limiter au marketing et qu’il faut mettre tout autant l’accent sur l’amélioration des produits, sur les motifs qui inciteront les gens à nous visiter. Il est primordial d’investir, et je pense que le gouvernement peut jouer deux rôles à cet égard : premièrement, il devrait investir dans ses propres installations (la Place de l’Ontario, les parcs du Saint-Laurent, les parcs du Niagara, Fort William, par exemple). On constate avec satisfaction que le gouvernement a récemment injecté plus d’argent dans ces destinations touristiques. Deuxièmement, nous pensons que le gouvernement devrait participer à l’élaboration d’une approche publique-privée pour le renouvellement et la revitalisation du produit touristique. »

La passion que Bill Allen éprouve pour l’industrie, la clarté de sa vision et ses nombreuses années d’expérience augurent bien pour l’avenir de la nouvelle association de l’industrie touristique de l’Ontario.

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