Les voyages de motivation, en bref

(article publié initialement dans TOURISME)

« Le vrai voyage de motivation est le voyage-récompense, affirme Michele Saran, gestionnaire des ventes de voyages de motivation au bureau de Chicago de la Commission canadienne du tourisme (CCT). Un exemple classique serait une société voulant motiver ses employés à atteindre des objectifs de vente durant une année. Notre travail, à la CCT, est de faire en sorte que le Canada soit l’un des prix offerts si ces employés atteignent leurs objectifs. »

Ces prix peuvent prendre les formes les plus diverses, mais un voyage est généralement un facteur très efficace pour motiver des employés à atteindre leurs objectifs. « Nous sommes en concurrence avec le monde entier, explique Mme Saran. Nos plus grands concurrents sont probablement les destinations‑soleil perçues comme glamour, par exemple Hawaii, les Caraïbes et le Mexique. Mais le Canada a sa place, et nous nous démarquons plutôt bien. »

Lorsqu’on la questionne sur les nouvelles tendances du marché des voyages de motivation, Mme Saran mentionne les programmes familiaux. « Les gens n’ont pas l’occasion de passer beaucoup de temps avec leur conjoint et leurs enfants. La possibilité de passer plus de temps avec les gens que vous aimez devient alors la récompense. »

Mme Saran constate également un intérêt accru pour les voyages de motivation en hiver, comme des vacances de ski au Canada. Mais l’activité la plus en vogue actuellement est sans contredit la pêche. « Je reçois plus d’appels pour la pêche que pour le golf et toutes les autres activités combinées. Les dirigeants d’entreprises aiment aller là où personne n’est allé avant – des pourvoiries uniques et difficiles d’accès où tout est haut de gamme. Les spas sont également très recherchés parce qu’ils sont propices aux voyages en couple, et le golf se classe probablement au troisième rang. »

Il est important d’être perçu comme une destination attrayante et unique dans le domaine des voyages de motivation. « Les centres de villégiature de l’île de Vancouver où l’on peut observer des grizzlys et faire des excursions en hydravion en sont de bons exemples. Il s’agit d’un domaine où le Canada a beaucoup à offrir, des destinations hors du commun. En ce sens, surtout en raison de la force de l’euro par rapport au dollar américain, le Canada, même si le dollar canadien et le dollar américain sont maintenant à parité, est nettement plus attrayant que l’Europe. Et nous leur proposons de nouveaux endroits dont ils n’ont jamais entendu parler, comme Terre‑Neuve et le Yukon. Même s’il ne s’agit pas nécessairement de destinations cinq étoiles, elles sont suffisamment exotiques pour motiver les gens à atteindre leurs objectifs de rendement. »

Mme Saran décrit son secteur comme étant à mi‑chemin entre le secteur des réunions et celui des voyages d’agrément. « Le plus souvent, les clients tiendront leurs réunions en même temps que leurs voyages de motivation, principalement pour des raisons fiscales. Ils auront donc besoin d’une salle de réunion pour une demi‑journée dans le cadre du voyage. Mon travail vise principalement les plus petites destinations, comme Banff, Victoria ou Whistler. Je fais plus souvent affaire avec elles qu’avec les grandes villes. »

Qu’en est‑il des destinations canadiennes, disons, encore plus éloignées? « Elles doivent avoir un charme certain sur papier pour que nous puissions les vendre. S’il y avait une pourvoirie de pêche cinq étoiles en Saskatchewan, nous pourrions absolument la mettre en marché de cette façon. Mais les pourvoiries recherchées sont surtout les établissements cinq étoiles de la Colombie‑Britannique, comme le King Pacific Lodge ou le Clayoquot Wilderness Resort, le nec plus ultra des pourvoiries. En règle générale, les coûts ne posent pas de problème. En ce qui me concerne, bien peu de gens se plaignent des tarifs, contrairement à ce que mes collègues peuvent constater dans d’autres marchés. Les clients placent vraiment l’expérience avant tout. »

Et comment Mme Saran fait‑elle sa place dans le domaine des voyages de motivation? « J’ai vraiment d’excellentes relations. Avant tout, je collabore avec des agences indépendantes qui travaillent avec les sociétés afin de constituer les programmes de motivation. Certaines d’entre elles vont rencontrer, par exemple, des vendeurs d’IBM et leur demander des exemples d’objectifs qu’ils aimeraient atteindre durant l’année. »

Par la suite, ils mettront en place une campagne afin de motiver les employés à atteindre les objectifs établis. « Par exemple, s’ils atteignent le premier objectif, ils recevront une petite plaque. S’ils atteignent l’objectif suivant, leur photo paraîtra dans le bulletin mensuel de la société. Certaines sociétés constituent des programmes de récompense complets, affichent des tableaux sur les murs ou possèdent des programmes informatiques afin que les employés puissent suivre leur progrès. Mon travail consiste donc à entretenir d’excellentes relations avec ces agences spécialisées afin de les encourager constamment à proposer le Canada comme grand prix de ces programmes. »

Mme Saran a approfondi ses connaissances du domaine des voyages de motivation en travaillant auprès de Tourisme Toronto « il y a un million d’années », dit‑elle. « Je suis à la CCT depuis neuf ans maintenant. Le roulement est généralement très limité dans cette industrie. Certaines des agences avec lesquelles je fais affaire étaient déjà sur le marché au début de ma carrière. On finit donc par établir de très bonnes relations avec elles. J’espère que, lorsqu’elles pensent au Canada, elles pensent à moi! Mon but est qu’elles gardent toujours le Canada en tête afin que nous ayons toujours une chance d’être leur choix final. »

« De prime abord, des clients peuvent douter de l’attrait du Canada, mais lorsque je les invite à visiter un site pour voir par eux‑mêmes ce que nous leur proposons, dans 85 % des cas ils décideront de faire affaire avec nous, souligne‑t-elle. Ce qui confirme le dicton : il faut le voir pour le croire! »

Commentaires