Yellowknife, capitale nord-américaine du diamant

Yellowknife ne brille pas que sous le soleil de minuit ou aux lueurs fantasmagoriques des aurores boréales. Ses entrailles recèlent les plus étincelants joyaux qui soient : de magnifiques diamants qui attirent des visiteurs venus des quatre coins du monde.

PAR DONALD TELFER

Si les ragoûts, soupes-repas et truites bien fraîches figurent au menu du légendaire Wildcat Cafe, ce sont résolument les hamburgers au caribou sauvage qui continuent d'y attirer les foules.

Cette authentique halte frontalière, et sans doute la plus célèbre cabane en bois rond qui soit, propose des plats exquis. Ici, on s'assoit sur un siège un peu bancal devant une table en bois fendu, en compagnie de parfaits étrangers... qui ne le resteront pas bien longtemps. Géologues, marchands de diamants new-yorkais et autres touristes forment une faune hétéroclite qui finit par se mêler joyeusement au cœur du plus ancien restaurant de la ville.

Un siècle après la glorieuse époque de la ruée vers l'or, Yellowknife brille à nouveau de mille feux. Dans cette nouvelle « capitale nord-américaine du diamant », les bijoutiers proposent aux visiteurs étrangers des pierres précieuses qui ont été extraites, taillées et polies sur place.

« J'ai vendu des bagues, des pendentifs et divers bijoux uniques à des personnes venues spécialement à Yellowknife pour se les procurer, » raconte Margaret Baile, une résidente de longue date qui a ouvert récemment sa bijouterie, Arctic Diamonds. La petite ville de 18 000 habitants compte huit diamantaires. C'est tout dire!

Chaque diamant extrait des mines des Territoires du Nord-Ouest porte la signature du premier ministre Stephen Kakfwi, membre de la Nation dénée et originaire de Fort Good Hope. Chaque diamant est également accompagné d'un certificat garantissant sa qualité et sa couleur. « Les diamants ajoutent encore plus à notre valeur touristique, » explique Mme Baile.

Yellowknife bénéficie d'un ensoleillement estival supérieur à celui de toute autre ville canadienne. En automne et en hiver, les cieux de la lointaine cité servent de toile au fabuleux spectacle des magnifiques aurores boréales, qui attirent chaque année bon nombre de spectateurs - dont quelque 15 000 visiteurs du Japon et de la Corée seulement.

Perchée sur le littoral rocheux du Grand lac des Esclaves, la capitale des Territoires du Nord-Ouest a bien changé depuis la rude époque de la découverte des premiers gisements d'or.
Fondée en 1789 par Alexander Mackenzie, la colonie avait été baptisée du nom d'une tribu autochtone (les Couteaux-Jaunes) dont les membres utilisaient des couteaux de chasse aux lames de cuivre.
Un siècle plus tard, les chercheurs d'or, attirés par le Klondike, y trouvèrent un peu du précieux minerai mais ce n'est qu'en 1934 qu'eut lieu la véritable « ruée ». Deux ans plus tard, Yellowknife était devenue une véritable ville-champignon.

Blotti autour de Back Bay, le quartier historique (Old Town) semble s'enfoncer dans les eaux claires, froides et profondes du splendide Grand lac des Esclaves, où sont rassemblés pontons colorés, voiliers proprets... et hydravions tapageurs. Dans le silence glacé de l'hiver, on peut entendre résonner les halètements des chiens qui filent allègrement en tirant les traîneaux sur le lac gelé.
Old Town est parsemée de vieux édifices datant de la ruée vers l'or et d'habitations dénées aux couleurs vibrantes. Dans le secteur de Woodyard, autrefois site d'un prospère dépôt de carburant, se trouve la fameuse Ragged Ass Road, rue qui rappelle le souvenir d'une mine éteinte et des chercheurs d'or qui s'y sont esquintés en vain.

En empruntant Ingraham Drive, on passe au-dessus d'un terrain abrupt appelé « The Rock », où les premiers mineurs dressèrent leurs tentes en 1934. Un escalier mène à un monument érigé en l'honneur des pilotes de brousse, qui contribuèrent pour beaucoup au développement du Nord. Au sommet du promontoire, la vue sur Yellowknife et sur le lac est absolument grandiose.

Les amateurs d'histoire peuvent visiter à pied les différents sites patrimoniaux de Yellowknife à l'aide d'un guide magnifiquement illustré, décrivant tous les points d'intérêt de la ville.

Avec ses boutiques à la mode, ses restaurants, ses édifices à bureaux et ses tours d'habitation, New Town - la partie « moderne » de la ville - offre un contraste saisissant par rapport à Old Town. On peut facilement flâner des heures durant dans Franklin Avenue, l'artère principale.

Tout à côté se trouve le Prince of Wales Northern Heritage Centre. Ce musée est l'endroit idéal pour s'initier au Grand Nord; on peut notamment y admirer une défense de mammouth, des vêtements perlés confectionnés par les Dénés et des sculptures inuites. Une exposition porte entre autres sur la recherche du passage du Nord-Ouest; une salle est également consacrée aux pilotes de brousse.

Non loin du musée qui fait face au lac Frame, l'un des nombreux plans d'eau de Yellowknife, on peut admirer l'édifice de l'Assemblée législative coiffé d'un dôme de verre. Nichée dans la forêt boréale, cette construction unique a été conçue pour accueillir le gouvernement de cette région nordique.

Ornée de peintures et de décorations inuites, une immense table ovale trône au milieu de la chambre où les représentants élus ont droit de parole d'égal à égal, selon la tradition autochtone. Tout autour de la salle, des cabines sont réservées aux interprètes qui assurent le déroulement des débats dans les neuf langues officielles.

Mais il ne faut pas chercher la traduction du mot « diamant » en chippewyan, en dogrib ou en inuvialukton. Même au Wildcat Cafe, personne ne semble guère s'en soucier. Parce qu'à Yellowknife, les diamants font désormais partie du paysage.

Pour de plus amples renseignements sur cette destination ou sur d'autres destinations canadiennes, visitez le site de la Commission canadienne du tourisme à www.voyagecanada.ca.

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